Après trois mois de grève cyclique des soins et de blocage des examens dans les facultés des sciences médicales à l'échelle nationale, c'est le soulagement pour les étudiants de médecine, de pharmacie et de chirurgie-dentaire. L'année universitaire a été sauvée à la dernière minute par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a répondu favorablement au décret élaboré par les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur portant sur la revalorisation de la rétribution accordée aux hospitalo-universitaires. “C'est un grand ouf… Il était temps que les choses redeviennent comme avant, car si la revendication des hospitalo-universitaires n'avait pas été prise en charge, notre année universitaire aurait été compromise”, a déclaré Amel, étudiante en pharmacie à la faculté d'Alger. Même si les étudiants des sciences médicales ont exprimé leur soulagement, ils restent cependant préoccupés par l'organisation des examens. Ils estiment que l'administration, les enseignants et les étudiants doivent travailler en collaboration pour établir un planning des épreuves qui puisse satisfaire tout le monde. Ils proposent, pour leur part, deux solutions : la première consiste à passer deux EMD (examen de moyenne durée) à intervalle de trois semaines ou aller vers la programmation d'un seul examen qui comptera double après un mois de révisions. “Même si les revendications de nos aînés étaient légitimes, nous sommes les seuls perdants. Nous avons raté nos examens, nos acquis pédagogiques ne sont pas satisfaisants et nous allons également sacrifier nos vacances. Vu les conditions exceptionnelles de cette année, nous espérons que nos professeurs seront indulgents”, souhaite Wahib, étudiant en médecine à la faculté d'Alger. Pour rappel, le Premier ministre a donné finalement le feu vert pour le versement de la rétribution, avec un effet rétroactif à partir du 1er janvier, en échange du gel du mouvement de grève des hospitalo-universitaires qui a failli mener à l'année blanche. Même si ces derniers se disent satisfaits de cette rémunération, ils considèrent que cet acquis a été arraché après plusieurs mois de lutte et de protestation. Ils signalent, cependant, que le montant de la rétribution a été revu à la baisse par rapport à ce qui a été initialement prévu dans l'accord signé par les deux ministères. Le ministre de la Santé a assuré, pour sa part, que le taux de cette rétribution augmentera à chaque fois que le salaire de base sera réévalué. Par ailleurs, les syndicalistes n'envisagent pas renoncer à leur combat qui portera désormais sur d'autres objectifs plus importants pour leur profession. “S'il y avait une vraie volonté politique, nous aurions pu économiser le temps de ce conflit. Cette indemnité, réévaluée à 50% du salaire de base, est un acquis, mais elle ne constitue pas un argument pour la démobilisation de notre mouvement”, a expliqué le Pr Djidjelli, porte-parole du Syndicat national des professeurs docents en sciences médicales. Il a annoncé, également, la tenue aujourd'hui d'une assemblée générale extraordinaire pour décider de la levée du débrayage. La question de la programmation des EMD dans les facultés des sciences médicales sera débattue lors de cette rencontre. Il est à noter qu'après le dénouement de la situation, qui a opposé les hospitalo-universitaires à leur tutelle, le ministère de la Santé devra se tourner vers le problème des paramédicaux qui ont décidé de renouer avec la grève à compter du 23 mai prochain, et notamment le syndicat des psychologues, qui ont opté pour des sit-in cycliques devant leur tutelle ainsi que la direction de la Fonction publique à partir du 19 mai prochain.