Béjaïa recèle un potentiel apicole avéré, mais les apiculteurs se disent « éreintés » par certaines contraintes liées à leur activité. Pourtant, Béjaïa est classée parmi les cinq premières wilayas en termes de production du miel. En d'autres termes, sa situation géographique stratégique ainsi que l'étendue de sa flore mellifique ont donné à la région un parc apicole important et prometteur. Selon un recensement fait en 2003 (dernier en date), la superficie de la flore (cultivée et naturelle) de la wilaya est estimée à 201 900 ha et le parc apicole est constitué de 26 187 ruches modernes et 6825 autres traditionnelles. Le président de l'association des apiculteurs de Béjaïa, M. Ouali, explique qu'une partie importante du parc apicole de la wilaya se trouve du coté du littoral est jusqu'à Kherrata où il est compté plus de 11 000 ruches dont plus de 3 000 ruches au niveau de cette dernière circonscription. Dans la vallée de la Soummam, Tazmalt compte quelque 2 712 ruches et plus de 140 apiculteurs. Cette association, créée en 2006 et qui compte 200 adhérents, a recensée 2 131 apiculteurs à travers la wilaya mais dont 143 seulement ont pour activité principale l'apiculture. Quant à la production, en s'appuyant sur les chiffres de 2003, 131 450 kg de miel ont été récoltés sur 10 250 essaims dénombrés. Pour la prochaine récolte, en mois de juin, les apiculteurs se montrent optimistes surtout que la floraison présage d'une bonne saison mellifère. Pour rappel, des aides consistant en la distribution gratuite des ruches ont profité aux apiculteurs de Béjaïa. Cependant, M. Ouali met en avant, outre les aléas du climat, le problème des maladies, notamment le varois, ainsi que les contraintes financières auxquelles sont confrontés les professionnels. En 2005, l'enneigement a détruit prés de 65 % du parc apicole. « En plus des risques climatiques, comme l'enneigement et les incendies, les apiculteurs sont usés par la cherté des matières premières nécessaires pour leur activité et de surcroît soumises à la TVA. A titre d'exemple, le kilogramme de la cire de moyenne qualité coûte 680 dinars. Aussi, le nourrissement des essaims durant l'hiver est une autre contrainte majeure pour difficulté d'approvisionnement en sucre », soutient notre interlocuteur. Il se désole que les tonnes de sucre avarié au port de Béjaïa n'ont pas profité aux apiculteurs qui en ont pourtant besoin. « Notre insistance d'acheter le sucre avarié n'a pas abouti. Nous sommes donc contraints d'en acheter au prix de 50 dinars le kilogramme », regrette M. Ouali. Au problème d'approvisionnement s'ajoute la difficulté d'écoulement du miel sur le marché local. « Les apiculteurs ne trouvent pas d'acheteurs et les appréhensions des consommateurs sont justifiées car il y a du miel contrefait sur le marché », dit M. Ouali qui préconise à ce propos la création d'une coopérative. « La traçabilité et le label ont beaucoup à apporter pour une meilleure vente des produits agricoles, particulièrement l'huile d'olive et le miel », a-t-il soutenu.