Une gerbe de fleurs a été déposée devant le sépulcre au carré des martyrs au nom de la fondation qui porte son nom en signe de reconnaissance au combat de l'homme et son dévouement à la lutte de libération nationale puis à la reconstruction du pays. Ce moment fort en émotions se veut aussi une manière de ne pas oublier celui qui a accepté de revenir en Algérie un certain 14 janvier 1992 après la démission du président Chadli Bendjedid et au moment où le FIS soufflait sur les braises voulant s'emparer du pouvoir. A cette époque et face à la perte de repères, l'Algérie semblait comme égarée. Répondant spontanément à ce qu'il considérait comme «un appel du pays», il est revenu après son exil marocain pour que l'Algérie retrouve le chemin qu'elle venait de perdre, la lumière qui allait la guider pour éviter l'obscurantisme qui voulait l'envelopper de ses ténèbres. Dès son arrivée, il a tendu la main à tous ceux qui voulaient la prendre. Il apparaissait en effet paradoxalement comme un homme neuf susceptible de sortir le pays de l'impasse. Souhaitant une Algérie démocratique tournée vers la modernité, il disait vouloir mettre fin à la corruption qui gangrenait l'Etat. Mohamed Boudiaf est né le 23 juin 1919 à Ouled Madi, dans l'actuelle wilaya de M'sila. Il a adhéré au Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj, puis participe à la création de l'Organisation spéciale (OS). Il a fait partie comme coordonnateur général du «groupe des 22» qui organise la préparation de la lutte armée. Le 22 octobre 1956, il est arrêté avec d'autres chefs du FLN par l'armée française suite au détournement de l'avion civil marocain qui le menait vers la Tunisie. Avant son assassinat, le 29 juin 1992, lors d'une conférence des cadres qu'il tenait à Annaba, il a prononcé ses dernières phrases : «L'être humain a une vie courte. Nous mourrons tous demain. Pourquoi courir derrière les responsabilités ? Observons les nations développées comment elles nous ont dépassés ? Grâce à la connaissance…» C'était fini pour l'espoir qu'il avait suscité pour le peuple algérien et la jeunesse qui avait cru au changement. En 166 jours, Mohamed Boudiaf avait su redonner confiance au peuple algérien, et pour lui rendre un dernier hommage, la population force tous les barrages et pour la première fois occupe la présidence de la République. Un million d'Algérois vont l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure.