Après plusieurs années de léthargie, le Conseil national de la concurrence sera réactivé dans les quelques jours à venir. Acculé par les producteurs nationaux au lendemain de l'adhésion de notre pays à la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), de fermes décisions ont, à cet effet, été prises par le ministre du commerce. L'annonce a été faite hier, à Annaba, par Allili Redouane, chargé d'études à la sous-direction GZALE, lors de la journée d'information sur les principales dispositions de la convention d'adhésion. La rencontre, organisée à la chambre de commerce et d'industrie Seybouse, a réuni plus d'une soixantaine d'opérateurs économiques de la région est du pays. Les débats ont été particulièrement marqués par d'acerbes critiques à l'égard des autorités chargées du contrôle et de la régulation du marché. Ce à quoi a réagi le représentant d'El Hachemi Djaâboub en informant son auditoire de l'ouverture d'un « point focal » qui aura pour mission la prise en charge des requêtes émanant d'opérateurs victimes de pratiques non conformes à l'objet de ladite convention. Au même titre que leurs pairs des autres régions, les industriels de Annaba, d'El Tarf, de Skikda, de Guelma et de Souk Ahras ont clairement exprimé leurs appréhensions quant aux retombées négatives qu'induira sans conteste l'intégration de ce nouvel espace de libre-échange. « Nous appréhendons sérieusement cette nouvelle adhésion. Certes, la volonté politique de promouvoir les exportations hors hydrocarbures existe. Cependant, sur le terrain, c'est le contraire qui est fait. Depuis des années, nous nous débattons seuls dans d'interminables contraintes liées aux pertes de change et voilà qu'on nous entraîne vers l'inconnu. En l'absence d'organisme d'assurance ou de garantie des pertes de change, pour nous, exporter relève aujourd'hui de l'aléatoire », a souligné Abdelaziz Khalout, un industriel et exportateur de papier. Mme Dafri, également exportatrice du même produit, a abondé dans le même sens en estimant que pour pouvoir subsister dans un contexte de mondialisation, d'ouverture aux zones de libre-échange et concurrencer chez soi les produits d'importation, l'Etat devrait préalablement penser à protéger les producteurs nationaux, déjà affaiblis par les effets néfastes des pertes de change. Abdel Malek Fridjet, fabricant et exportateur de pâtes alimentaires, invite, pour sa part, les décideurs à s'inspirer du modèle nord-américain en termes de protection de la production nationale. Pour lui, l'exemple des mesures de protection de son marché, totalement ouvert à l'Europe, prises par le Canada au lendemain de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) illustre parfaitement cet état de fait. Par ailleurs, autant que l'ensemble des participants à cet important rendez-vous économique, Mohamed Erridha Boushaba, n'a pas manqué de faire part de son grand étonnement en apprenant de la bouche du représentant du ministère du commerce que « le ministre ignore parfois ce qui est introduit comme marchandises au niveau des frontières. Et c'est une vérité ». Et que « nous savons pertinemment que nos voisins de l'Est vont tout faire pour encourager leurs exportations à destination de notre pays. En revanche, ils vont tout faire pour bloquer nos exportations vers leur pays en recourant aux barrières non tarifaires ». Est-ce un aveu officiel sur l'impuissance de l'Etat dans la maîtrise du contrôle de son marché et de ses frontières ?