Photo : Riad Par Faouzia Ababsa La journée d'information sur la Grande Zone arabe de libre-échange promise la semaine dernière par le ministre du Commerce a eu finalement lieu. C'est le siège de l'Agence algérienne de promotion des exportations qui l'a abritée jeudi dernier. Elle était présidée par El Hachemi Djaaboub qui ouvrira la séance en donnant un long aperçu sur les étapes traversées par l'Algérie avant qu'elle ne décide d'intégrer cet espace commercial le 1er janvier de l'année en cours. Il expliquera le retard accusé par notre pays pour cette adhésion. Un retard sciemment entretenu, selon lui, jusqu'à ce que les pays membres ne pressent les pouvoirs publics d'adopter une position claire et franche quant à l'application et la mise en œuvre des engagements pris lors des différentes sessions du conseil économique et social de la Ligue arabe. Laquelle compte mettre en place, après la grande zone, un marché arabe commun. Avant d'ouvrir les débats, le ministre a fait part des négociations entamées par l'Algérie en vue de la signature des accords de libre-échange avec des groupements d'Afrique de l'Ouest, d'Amérique latine, entre autres. Des négociations bien avancées, selon lui. Les opérateurs économiques, dont des exportateurs, qui ont participé à la journée d'information ont interpellé El Hachemi Djaaboub sur les difficultés qu'ils rencontrent à l'exportation dans certains pays arabes. Des pays avec lesquels l'Algérie a signé des contrats de coopération avant même son adhésion depuis le 1er janvier dernier à la Grande Zone arabe de libre-échange. «Certes, certains pays n'invoquent pas des règles non existantes dans les accords, mais mettent les bâtons dans les roues pour que les produits algériens n'entrent pas sur leur marché. Il y a des règles non écrites qu'ils nous brandissent pour nous dissuader d'écouler les produits», dira un opérateur activant dans l'exportation depuis plusieurs années qui donnera l'exemple du Maroc et de la Tunisie. Comment dans ce cas-là, poursuit-il, voulez-vous que cela marche mieux dans le cadre de la Grande Zone arabe de libre-échange. D'autres entrepreneurs ont abondé dans le même sens, n'hésitant pas à parler carrément d'un embargo exercé contre les produits algériens. Ils ont aussi soulevé l'absence d'un système fiscal uniforme entre tous ces pays, lesquels appliquent des droits de douane très élevés pour les produits qu'ils fabriquent localement. A ce sujet, M. Issiakhem a mis en exergue le volume de la taxe qui lui a été imposée pour placer son produit au Maroc (85%) alors que son concurrent tunisien n'a payé aucun centime. «Cela veut tout simplement dire que les dispositions de la GZALE n'y sont pas appliquées.» Il a également précisé qu'il avait saisi le ministère du Commerce, lequel lui a opposé l'exigence d'apporter des preuves de ce qu'il avait avancé dans sa requête. Ce que l'opérateur a refusé car n'étant pas une autorité. Le patron de Tapis d'or s'est plaint, lui, du dumping exercé sur ce produit à l'importation. «Le pris du produit fini équivaut à un quart du prix de la matière première», a-t-il déclaré non sans tirer la sonnette d'alarme sur les conséquences de ce genre de pratique. Surtout que son entreprise a créé 300 emplois directs et 1 000 indirects. Le président du FCE a, pour sa part, souligné les craintes des opérateurs quant à l'adhésion à GZALE et s'est demandé si les pouvoirs publics algériens ont recouru à une étude d'impact avant de prendre la décision. «Les conditions de productivité ne sont pas les mêmes, dit-il, ni en terme de taxes douanières ni en termes de charges fiscales, parafiscales et patronales. Le coût de la main-d'œuvre est plus élevé en Algérie, en plus des inputs. M. Hamiani a exprimé les craintes des membres de son organisation quant à l'émergence du commerce triangulaire. C'est-à-dire que l'Algérie devra recevoir des produits fabriqués en Asie et qui transiteraient par les pays arabes. «Ce n'est pas de plus d'ouverture dont on a besoin mais d'être accompagnés pour permettre à nos entreprises de se préparer sérieusement.» Il soulignera le danger du glissement de la production vers l'activité du commerce d'importation. Le représentant de l'Association des producteurs de boissons attirera l'attention du ministre, comme pour démentir ses propos quant à l'entrée en vigueur et l'application rigoureuse des normes d'étiquetage, qu'il suffisait de faire un tour dans les supérettes pour constater une panoplie de boissons et de jus dont l'emballage ne comporte aucune indication et encore moins l'étiquetage. «Nous ne savons pas d'où ils viennent et ils ne répondent même pas aux normes. Ils peuvent à la limite constituer un véritable danger pour le consommateur algérien.» Très rassurant et comme à l'accoutumée, le ministre du Commerce, aidé par les cadres de son département, informera l'assistance de l'existence d'une commission technique au niveau de la Chambre algérienne de commerce qui est chargée de recevoir les requêtes des producteurs, mais aussi d'établir la liste négative des produits qui pourraient être interdits à l'importation ou pour lesquels des taxes importantes seraient appliquées. Pour cela, l'aide des opérateurs économiques est fortement souhaitée. M. Djaaboub a tranquillisé l'assistance en lui indiquant que des mesures de sauvegarde de la production nationale sont prévues dans la convention arabe de libre-échange. Et que, dans le cas où un pays exigerait des taxes qui ne soient pas prévues dans les accords, l'Algérie appliquerait le principe de la réciprocité. Il précisera qu'un marché de 300 millions d'habitants constituait une aubaine pour les opérateurs algériens qui pourraient écouler leurs produits. Car, hormis la Syrie, l'Arabie saoudite, la Jordanie, l'Egypte, la Tunisie et le Maroc, qui sont producteurs, tous les autres sont un potentiel marché y compris pour les investissements. Sauf que le ministre n'a pas précisé que quelques-uns d'entre eux ne permettent pas aux étrangers de s'installer chez eux car ils n'ont pas le droit d'être propriétaires. C'est le cas, entre autres, du Qatar. El Hachemi Djaaboub informera l'assistance qu'un fichier national de l'exportation sera bientôt élaboré et permettra l'instauration d'un système de veille. Sur un autre registre, pour répondre à tous ceux qui reprochent aux pouvoirs publics d'avoir augmenté la facture d'importation, ce qui n'est pas un signe de bonne santé pour l'économie algérienne, le ministre du Commerce a exhibé les chiffres. En 2008, le volume des échanges commerciaux en importation a augmenté de 41% par rapport à 2007. Il est donc passé de 27 à 39,15 milliards de dollars. L'orateur donnera la structure de l'importation en affirmant que les deux tiers des importations sont destinés aux biens d'équipements tandis que le tiers restant est allé aux produits alimentaires, dont la poudre de lait, les céréales. Enfin, il informera les opérateurs de l'adoption prochaine d'un décret exécutif faisant obligation aux entreprises étrangères importatrices de faire participer à leur capital les sociétés algériennes à hauteur de 30%.