Elle a marqué aussi bien la fin de l'année 2008 que le début de 2009. Tant elle a été une surprise pour quasiment l'ensemble des observateurs de la scène économique algérienne, tant elle a suscité craintes et appréhensions. Elle, c'est l'adhésion de l'Algérie à la Grande Zone arabe de libre-échange (GZALE). C'est le Premier ministre, fraîchement nommé, qui a annoncé l'intégration de l'Algérie à la GZALE en décembre dernier à l'occasion de la présentation devant la chambre basse du Parlement de son plan d'action. La nouvelle est tombée tel un couperet sur la tête des opérateurs économiques qui se sont offusqués d'apprendre cette nouvelle de cette manière. Les réactions n'ont pas tardé à se manifester, tant le tollé était général. Le patronat, représenté aussi bien par le Forum des chefs d'entreprise que par d'autres organisations, a exigé du gouvernement qu'il diffère de deux ans au moins l'adhésion car les entreprises algériennes n'étaient pas encore prêtes et qu'au lieu de prospérer, elles devront faire face à la concurrence déloyale induite par la suppression totale des droits de douanes. Les opérateurs algériens ont exprimé leur crainte de voir leurs entreprises s'écrouler en raison des produits contrefaits produits en Asie et qui transiteraient par les pas membres de la GZALE. Surtout que le certificat d'origine pourrait être falsifié. Tandis qu'ils déboursent pour importer la matière première dont les tarifs douaniers sont jugés exorbitants, ce qui rend leurs produits plus chers sur le marché et non compétitifs. On se souvient que, lors de la journée d'information sur la GZALE, organisée le 10 février dernier au niveau de l'Agence nationale pour la promotion des exportations, nombreux étaient les intervenants à dénoncer l'embargo imposé aux opérateurs algériens par certains pays arabes, notamment la Tunisie et le Maroc qui exigeaient d'eux de respecter des règles «non écrites». L'essentiel étant d'éviter coûte que coûte que le produit algérien, même performant et compétitif n'entre pas sur leur sol. M. Issiakhem, patron de la biscuiterie «Les Issers», ira jusqu'à dire que ces deux pays sont membres de la GZALE mais n'appliquent pas ses règles. Interpellant le ministre du Commerce présent à la rencontre, il s'est demandé quelles seraient les conséquences de l'adhésion à la zone sur l'économie algérienne si de tels cas de figure se reproduisaient. Le premier responsable du Forum des chefs d'entreprise a indiqué que ce n'était pas d'accords commerciaux dont ils avaient besoin, mais de mise à niveau, de mesures à même de leur faciliter d'écouler leurs produits et de devenir concurrentiels. D'autres intervenants ont carrément fait le parallèle entre l'accord d'association avec l'UE et la GZALE. Avec le premier, l'Algérie n'a pratiquement tiré aucun avantage, il n'y a pas de raison pour que la zone arabe de libre-échange les fasse bénéficier de quoi que ce soit, si ce n'est de nouvelles difficultés contre lesquelles ils devront se battre pour ne pas mettre la clé sous le paillasson.Déjà, en août 2006, soit une année et demie après son entrée en vigueur, le directeur général de l'Organisation arabe pour le développement industriel et minier (OADIM) a expliqué que la zone arabe de libre-échange n'avait pas atteint ses objectifs. «La circulation des marchandises dans le monde arabe n'est pas facile, car certains pays exigent le certificat d'origine et demandent à ce que les produits en provenance d'autres pays arabes soient en conformité avec les normes de leurs propres produits.» La situation n'a pas changé depuis. Sinon comment expliquer les mises en garde du Conseil économique arabe, jeudi dernier, à certains pays et la décision d'instituer des tribunaux commerciaux d'arbitrage, en plus des différentes commissions de suivi.