Sur décision du procureur près le tribunal de Annaba, 18 harraga ont été placés hier sous mandat de dépôt. Accompagné de son tuteur, un mineur qui se trouvait parmi « les incriminés » a, quant à lui, bénéficié d'une citation directe. Annonçant sévèrement l'application de la loi criminalisant l'acte de quitter illégalement le territoire national, cette première a concerné seulement les malheureux de la dernière « expédition » composée de 19 candidats à l'immigration clandestine. Ils ont été interceptés hier, minuit passé, par les éléments du groupement territorial des gardes-côtes (GTGC) qui patrouillaient à bord de l'unité El Mountassar N°360 en présence de plusieurs semi-rigides. Agés entre 17 et 47 ans, ces 19 jeunes infortunés dont 10 sont originaires de Annaba, 5 de Khenchela, 3 de Guelma et 1 de Jijel ont été surpris, alors qu'ils naviguaient à bord d'une embarcation artisanale à 4 miles au nord de la plage de El Chatt de la wilaya d'El Tarf. Ils ont appareillé, selon le GTGC, à 22h à partir de la plage de Sidi Salem, située à quelques encablures de la commune d'El Bouni (Annaba). Contacté, M. Zaidi Abdelaziz a confirmé l'information en abondant sur l'entrée en vigueur de la loi incriminant l'acte de l'immigration clandestine. Selon lui ces 18 harraga seront jugés conformément aux nouvelles dispositions indiquées dans la loi N° 09-01 du 25 février 2009 modifiée et complétant l'ordonnance N°66/156 du 8 mai 1966. Elle est entrée en vigueur le 8 mars, soit le jour de sa parution sur le Journal officiel. C'est particulièrement l'article 175 qui sera appliqué dans toute sa vigueur contre les malheureux harraga. Il y est stipulé : « Est passible d'une condamnation à une peine d'emprisonnement de deux à six mois assortie d'une amende de 20 000 à 60 000 DA l'acte de quitter le territoire national hors des lieux de postes frontaliers et de passage de son auteur ». Bien que nous ayons pris attache par téléphone avec Me Bouchachi Mostapha, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), l'avocat n'a pas daigné nous livrer ses impressions. Saisi de la mise sous mandat de dépôt de 18 harraga, le défenseur des droits de l'homme a préféré vaquer à sa plaidoirie. « Je suis au tribunal, rappelez-moi ultérieurement », nous a-t-il signifié. Il est resté injoignable jusqu'à la fin de l'après-midi, tout autant que son représentant à Annaba M. Kamel Daoud. Ainsi cette incarcération intervient-elle 24 heures après l'arrestation de 18 autres harraga au large de la plage de Sidi Salem (El Bouni). Ce qui porte le décompte à 73 harraga arrêtés ou secourus en moins de 10 jours par les gardes-côtes de Annaba.