La domiciliation des grandes manifestations sportives à Blida honore les Blidéens, surtout quand celles-ci sont rehaussées par la présence de Son excellence, Monsieur le président de la République. Les Blidéens accueillent depuis des lustres et avec un plaisir sincère, tous leurs hôtes quel que soit leur rang, malgré quelques désagréments provoqués par le plan de circulation qui leur est imposé à chacun de ces événements. Les autorités locales, pourtant bien rodées par ce genre de visites présidentielles, puisque Bouteflika en a fait plusieurs depuis son arrivée à la tête de l'Etat, n'arrivent toujours pas à imaginer un schéma stratégique de circulation qui ne gênerait pas beaucoup les citoyens qui les ont élus. Ces derniers sont ballottés, sans aucun préavis, d'un endroit à un autre, puisque toute la périphérie du stade Mustapha Tchaker qui allait abriter la quarante-cinquième finale de la coupe d'Algérie était fermée à la circulation. Les gens qui aconnaissent bien Blida ont probablement remarqué que nos décideurs ont réussi le tour de force de concentrer au même endroit le stade qui est devenu national, le plus grand marché régional, la gare routière, véritable plaque tournante des transporteurs publics, et des chauffeurs de taxi, vers toutes les régions d'Algérie, l'auberge de jeunes, le téléphérique qui dessert Chréa, la piscine, la salle omnisports, le club hippique, le centre d'examen pour le permis de conduire… Des dizaines de milliers de personnes transitent chaque jour par cette zone qui se trouve paralysée à chaque match important ou visite officielle. « On ne nous informe pas des nouvelles dispositions prises, nous sommes perdus », nous disent les automobilistes qui tournent en rond. Les jeunes chauffeurs des transports publics se faufilent à toute vitesse, comme ils peuvent, à travers les ruelles des quartiers de Blida pour gagner leur croûte. « Nous ne pouvons plus rentrer à la gare routière, nous déposons nos passagers au niveau de la daïra de Ouled Yaïche, ils continuent à pied. » Les passagers des autres wilayas, qui ne connaissent pas les raccourcis, étaient perdus, sans repères, mercredi après-midi, par 37 degrés. Priés d'évacuer le marché fermé pour l'occasion, les marchands de fruits et légumes ont installé leurs étals dans les quartiers environnants. La veille du match, les quartiers environnants du stade ont connu une ambiance toute particulière. Il s'agit de ces nombreux supporters d'El Bordj, lesquels, faute de moyens ou de places dans des hôtels bon marché, ont préféré passer la nuit à la belle étoile. Le lendemain, soit hier matin, la gare ferroviaire de Blida a vibré au rythme du football, puisque des milliers de fans sont venus en masse, à partir d'El Bordj pour supporter leur équipe. On croit savoir que les deux trains qui ont transporté ces supporters ont été loués pour 600 millions de centimes (coût total pour les deux trains). La paralysie de la ville des Roses a même touché l'université de Blida, laquelle n'avait pas échappé à ce phénomène. Les étudiants et enseignants regagnant cette université, dans la matinée d'hier, ont été étonnés de trouver des affiches faisant mention de l'annulation des cours et des séances de travaux dirigés. D'aucuns se sont demandés si la corporation universitaire et les étudiants ne pouvaient, quand même pas, être avisés un peu plus tôt pour, au moins, ne pas perdre encore un temps précieux, justement en cette période de pleins examens. Mohamed Benzerga , Sayed Ali