Les débats autour du plan d'action du gouvernement se sont poursuivis hier à l'hémicycle Zirout Youcef. Les députés, à l'exception de quelques- uns, se sont félicités du contenu du document concocté par l'Exécutif. Les élus de l'Alliance présidentielle ont exprimé, pour la énième fois, leur enchantement quant à la réélection de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat et de la désignation de Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre. Pour certains, le projet du gouvernement est plus que parfait puisqu'« il répond à toutes les doléances des citoyens ». D'autres ont affiché leur satisfecit, mais en saisissant l'occasion pour exposer leurs préoccupations d'ordre local. Les parlementaires se sont plaints, en direct, des ministres qui refusent de les recevoir pour leur faire part des problèmes de la population. A l'APN, le débat est allé dans tous les sens sans jamais toucher à la problématique du jour : le plan d'action du gouvernement. Le ton était surtout à l'échange des salamaleks, de congratulations et autres compliments. Les seules voix discordantes étaient celles des députés du RCD. Néanmoins, certains ont essayé de sauver la face en axant leurs interventions sur le contenu du document, évoquant les secteurs en rapport direct avec les besoins vitaux de la population, comme la santé, la justice, l'éducation, l'emploi et le logement. Ainsi, dans le domaine de la santé, Mohamed Khendek du RCD regrette qu'à la lecture du paragraphe réservé à cette question, il n'y ait point de place à la concertation et au dialogue avec les véritables acteurs. « Ceci est très important, car la dépense de sommes faramineuses ou la réalisation d'infrastructures n'ont jamais été les seuls gages de réussite », a lancé l'intervenant, qui regrette l'anarchie qui règne au niveau de ce secteur névralgique. Une anarchie due, selon lui, essentiellement à l'absence, depuis l'indépendance, d'une politique de santé publique concertée et étudiée pour le moyen et le long termes. De l'avis du député, « la corruption et l'opacité qui caractérisent la gestion de ce secteur rendent impossible toute avancée palpable ». Ce constat, rappelle-t-il, est partagé par tous, y compris par ses bailleurs de fonds, à savoir l'Etat et les caisses d'assurances. En dressant un état des lieux des plus négatif, M. Khendek explique que les prestataires de services, à savoir les professionnels de la santé n'arrêtent pas de tirer la sonnette d'alarme à travers leurs différents syndicats. Ces derniers demandent l'instauration de passerelles entre eux et les pouvoirs publics pour une meilleure approche des problèmes. Abordant le mouvement de protestation enclenché par les hospitalo-universitaires, qui a duré trois mois, M. Khendek ne comprend pas pourquoi le Premier ministre, qui a été obligé de céder aux exigences des grévistes, a mis autant de temps pour réagir. « A croire que vous aimez les situations de pourrissement », a lancé le député à l'encontre d'Ouyahia. S'agissant de la politique du médicament, le parlementaire du RCD souligne que « l'Algérie est encore tributaire à 80% de l'importation. Où est la stratégie pour une production locale ? », s'est-il interrogé, avant de soulever « l'important problème des médecins étrangers qui viennent opérer chez nous le week-end et repartent chez eux, laissant derrière eux les malades qui nécessitent un suivi ». « Qui répondra alors de leurs éventuelles erreurs médicales ? », s'est demandé l'élu du parti de Saïd Sadi. Dans un autre registre, des intervenants ont souligné l'urgence de la mise en œuvre du nouveau découpage administratif pour rapprocher l'administration du citoyen, tout comme la révision du code communal. L'actuelle législation, estime-t-on, « est dépassée et est devenue obsolète ». D'autres voix se sont élevées pour évoquer la question du pouvoir d'achat, elles ont appelé à revoir à la hausse le SNMG. Il est aussi demandé « la suppression du filet social, à travers la promotion des bénéficiaires de ce système au statut de salariés à part entière ». Un député du MSP qualifie, de son côté, d'inadmissible le fait qu'aujourd'hui le citoyen recourt à la rue pour se faire entendre. « La rue est devenue le seul espace d'expression pour les Algériens. Les ministres qui ne sont pas capables de prendre en charge les préoccupations de leur secteur doivent rentrer chez eux », a-t-il souligné. Une députée du RCD, Hadj Arab Leïla, a dressé un tableau négatif de la situation qui prévaut en Algérie sur différents registres. « Lorsqu'une boîte de lait coûte 250 DA, les légumes varient entre 100 à 180 DA et les prix de la sardine s'élèvent à 300 DA, de quel plan de développement parle-t-on ? », s'étonne-t-elle. « Pourquoi dans le plan d'action, le Premier ministre n'a consacré aucun mot au secteur du commerce ? », s'interroge le parlementaire qui rappelle que le pays reste dépendant des hydrocarbures. D'autres députés se relayeront pour relever la nécessité de diversifier l'économie nationale et l'importance de dynamiser l'investissement et la création de richesses dans d'autres secteurs que celui des hydrocarbures. Certains d'entre eux ont préconisé la promotion du développement agricole pour assurer la sécurité alimentaire du pays et contenir l'évolution de la facture des importations. Les députés ont relevé également la nécessité de combattre la fraude pour moderniser l'administration économique. Hormis donc ces quelques voix qui sortent du lot de l'unanimité, les autres ont été à côté de la plaque. Pourtant, il y a à redire concernant le plan d'action du gouvernement. Mais lorsqu'on voit ce député du FLN aux relents islamisants demander de supprimer la mixité dans les écoles et suggérer à Benbouzid, ministre de l'Education, d'établir les mêmes mesures policières que celles préconisées en France pour assurer la sécurité des établissements scolaires, c'est inquiétant. Un débat qui fait rage dans l'Hexagone.