En ce début de saison estivale, rien ne semble indiquer une quelconque action de la part des organismes chargés du contrôle de la qualité, en vue d'endiguer la pratique qui consiste en l'étalage des marchandises périssables à même les trottoirs. Rares sont les commerçants qui s'abstiennent d'exposer ces produits sur la voie publique, sous un soleil de plomb et dans des conditions d'hygiène qui laissent à désirer, « pour vendre plus, il faut étaler la marchandise en dehors du magasin », s'obstinent à expliquer les commerçants de produits alimentaires. Le constat est pratiquement le même dans tout Alger. Des rôtisseries qui font cuire les poulets assaisonnés de gaz d'échappement sur les accotements des routes, aux vendeurs de pain dans les marchés, en passant par les boutiquiers qui exposent du lait, de l'eau minérale ou encore de la limonade dans les espaces immédiats de leurs locaux, tout se propose à la vente extra-muros. Le fait est devenu tellement banal que la plupart des épiceries étalent un maximum de marchandises en dehors de l'enceinte des locaux et qui risquent ainsi fortement d'être avariées par la chaleur, d'autant plus qu'il s'agit de produits qui requièrent aucune interruption dans la chaîne de froid. A la question de savoir pourquoi cette pratique n'est-elle pas sujette à des contrôles de la part de la direction du commerce ? Un responsable dudit organisme, en l'occurrence le chef de service chargé de la lutte contre la fraude commerciale dira : « Nous avons des brigades qui sillonnent les moindres artères et ruelles de la ville et veillent au respect des normes commerciales d'usage, mais nous n'avons aucune autorité sur la voie publique qui est du ressort des services de la sécurité ». Et d'ajouter : « L'interdiction de l'étalage de marchandises sur la voie publique concerne celle qui ont un lien avec les extensions des locaux. » A en croire ces responsables, cela réduirait l'ampleur du phénomène à son expression la plus insignifiante. Il s'avère paradoxalement que la réalité du terrain est loin de confirmer cela. Une virée au hasard des rues montre que cette pratique est totalement ancrée dans les mœurs commerciales et nul ne se souci de mettre un terme, même pas les contrôleurs de qualité eux-même. Dans une descente improvisée à Bordj El Bahri, ces derniers se sont limités dans leurs démarches à vérifier les registres du commerce et autres documents qui autorisent l'exploitation des locaux commerciaux et n'ont daigné aucunement à faire part aux commerçants de la nécessité de ne pas exposer leurs marchandises sur les trottoirs. Alors qu'il s'agit là de la voie publique, c'est-à-dire un espace commun à tous et qu'il appartient de ce fait aux services de sécurité d'intervenir dans ce cadre. En somme, il est indispensable pour lutter efficacement contre cette pratique de conjuguer les efforts de tous les intervenants dans ce domaine, à savoir les services de la santé et de l'hygiène au niveau des collectivités locales, les services de sécurité et la direction du commerce. Le mouvement associatif, qui est censé protégé les consommateurs, est absent de la scène. Sous d'autres cieux, les associations de défense du consommateur se positionnent comme un partenaire incontournable dans la protection des consommateurs et la sauvegarde de leurs droits, chez nous, elles sont aux abonnés absents.