Cet artiste est pourtant un nom écrit en lettres d'or au registre du patrimoine musical algérien. Le festival qui lui est dédié annuellement a disparu de l'agenda culturel de la ville de Annaba. Le regretté cheïkh Hassen El Annabi, de son vrai nom Hassan Aouchal, est né le 20 septembre 1925 à El Kseur aux environs de la ville de Béjaïa que sa famille a quittée, alors qu'il avait à peine 6 mois pour s'installer à Annaba. A l'âge de 14 ans, il quitte les bancs de l'école pour s'investir dans l'art et côtoyer de grands artistes comme cheïkh Tidjani, Ahmed Ben Aïssa, cheïkh El Okbi. Très curieux et très ingénieux, le défunt embrassa tous les arts. Il a commencé par la Aïssaoua, puis il a rejoint le théâtre sous la direction de Omar Benmalek, président de l'association Badr. Par la suite, il est devenu comédien et pianiste jusqu'à se créer une renommée dans l'univers de l'art andalou et du malouf, rivalisant avec les plus grands artistes de l'époque, cheikh Samai, Mustapha Ben Khemmar, cheïkh Larbi, Mohamed Benani, Mohamed El Kourd, surnommé l'artiste aux doigts d'or. Grandi dans le quartier populaire de Beni M'Haffeur de Annaba, cheïkh El Hassan El Annabi a fréquenté de nombreux grands artistes du fait de sa maîtrise de tous les instruments musicaux. Il réussit à imposer son cachet particulier à la fois difficile et rehaussé, devenant ainsi un modèle de style et une référence artistique à une époque qui connaissait des noms illustres dans ce domaine, tels cheikh Omar Chaklab, Hassouna à Constantine et Belsadek Bedjaoui à Béjaïa. La première apparition du regretté Hassan El Annabi remonte à 1948 à Souk Ahras, en compagnie des frères Benzerka. Par la suite, il parvient à créer sa propre troupe musicale. Son premier disque paru en 1958 a marqué le vrai début de sa popularité et sa célébrité avec les chansons Fatima Rouh Ya Beni L'Ouerchan et Jesmi Fana. Ses autres chansons Ya Moulet Essak Ed'rif et Men Hawa Rouhi Wa Rahti ont connu, elles aussi, un grand succès à partir de 1962. Hassan El Annabi a construit sa renommée grâce à son travail fécond, ses recherches dans les œuvres anciennes et sa maîtrise dans la composition artistique et des instruments musicaux. Il a su exploiter également ses contacts avec les grands de la chanson malouf tels que Abdelkrim Dali, Saddek Bedjaoui, Fadila Dziria, et cheïkh Hassouna… pour consolider et affiner la maîtrise de son art et s'affirmer ainsi en maître dans l'art du malouf qui était le monopole de certains artistes, tels Mohamed El Kourd ou ceux de la ville de Constantine. Les dons du défunt ne sont pas limités au malouf, mais se sont étendus au théâtre où il a fait plusieurs tournées en compagnie de Mahieddine Bachtarzi et joué dans les pièces La Victoire de la vérité et Le Dernier adieu. L'école annabie du malouf qu'il a créée témoigne aujourd'hui de la grandeur de cet homme, qui fut un artiste élégant et sublime par sa forte présence sur scène avec son violon et par sa maîtrise musicale.