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Cité Tamdikt (M'Kira) : 130 familles dans le dénuement
Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2008

Situé aux confins de la wilaya de Tizi Ouzou, à 62 km au sud-ouest, et à la lisière de la wilaya de Boumerdès, ce bidonville est un concentré de misère et de précarité. Après plusieurs kilomètres de route tortueuse, on débouche sur le marché bihebdomadaire installé en contrebas du siège de l'APC de M'kira. Tamdikt se trouve sur la RN68 qui relie la daïra de Tizi Ghenif à Chaâbet El Amer, à quelque 5 km du chef-lieu de M'kira. Nous arrivons à destination. Il est 13h30. La cité semble déserte. Recroquevillé au bord de la piste qui domine le baraquement, Rabah vit ici depuis 47 ans. Ne trouvant pas de mots appropriés pour qualifier la vie sous ces masures de parpaings, de tôle et d'argile, il n'hésite plus à mettre ses vis-à-vis devant les faits. «Quand je change mes vêtements, il me faut parfois faire sortir les enfants !» Aussi pertinent est l'aveu de Saïd, 47 ans : «J'ai des fils qui travaillent très loin de chez nous mais qui ne rentrent jamais à cause de l'exiguïté des maisons. Je vous jure que même les jours de l'Aïd, on ne les voit que brièvement car ils ne peuvent pas dormir chez nous», grogne-t-il, l'air irrité. Les conditions de vie dans ces taudis sont cruelles, voire inhumaines. Des familles de plus de 8 personnes vivent entassées dans un espace qui ne dépasse pas 30 m2. Deux chambres et une cuisine coiffées de tôle et de roseaux. Des eaux usées ruissellent entre les couloirs étroits qui séparent les demeures. «Nous manquons de tout», dit un jeune dans la foulée, au milieu du site. «Nous n'avons aucun espace de jeu. On parcourt 3 km pour jouer au foot à Adila !» Aux alentours, on peut apercevoir une école primaire, un CEM et une salle de soins. Cependant, aucune infrastructure sportive ou culturelle n'est implantée. Un ex-vacataire de l'éducation, la trentaine passée, s'insurge : «Aux yeux des responsables, cette cité n'est qu'un réservoir de quelque 1000 voix utiles pour leurs sièges à l'APC. Les promesses au cours des campagnes électorales fusent de tous les partis politiques.»
Privations en tous genres
Bien que le réseau AEP ait été renouvelé, l'eau ne coule plus dans les robinets. Pour s'en approvisionner, les habitants parcourent 5 km à Mâafa, en été, quand l'oued est à sec. Les plus aisés déboursent en moyenne 1000 DA pour une citerne ou achètent des jerricans de 20 litres à 200 DA. Aussi épineux que la raréfaction de l'eau, les habitants du bidonville ne sont pas épargnés par la pénurie du gaz butane qui touche actuellement de nombreuses localités. N'étant qu'au stade d'inscription, le projet de raccordement de la commune de M'kira au gaz naturel ne figure ni dans le programme PCSC (soutien à la croissance 2005-2009), ni le programme échelonné entre 2008 et 2011. Le P/APC indique : «La conduite existante au niveau de la RN68 est celle qui transporte le gaz vers l'Italie. Je ne sais pas encore d'où nous serons alimentés, mais je dirai probablement par Tizi Ghenif…» Là, encore, les citoyens éprouvent un grand malaise. On apprend, par ailleurs, que les services de la DMI et de la Sonelgaz ne manquent pas de prospecter le terrain sans donner la moindre indication sur leurs activités. Las d'attendre la concrétisation des promesses, les habitants, du moins pour ceux qui ont les moyens, ont construit illicitement sur ces terres. «Nous n'avons pas le choix… nous allons attendre jusqu'à quand… ?», rétorque un jeune maçon, une truelle à la main. Ici, tout le monde attend le verdict de la justice qui devra trancher entre l'administration et le propriétaire. Pour sa part, le maire de M'kira, M. Fahem estime que «les démarches nécessaire pour l'éradication de ce bidonville sont entreprises auprès de la wilaya. Nous attendons depuis 20 jours la réponse du wali». Quant à la solution préconisée, M. Fahem avance : «Le propriétaire des terres, sur lesquelles sont établies ces familles, ne demande qu'a être indemnisé. Nous avons pu dégager sur le site 2000 m2 en matière d'assiette pour construire environ 40 logements de type F3 dans un premier temps. Nous gagnerons en espace avec le recasement des premières familles.» Mais il y a des familles qui ont construit illicitement et elles ont mis beaucoup d'argent. À ce sujet, le maire dira : «Nous ne condamnons personne. Nous comprenons leur détresse et leurs motivations. Ils vivent le calvaire depuis 49 ans.» Notons enfin que 30 familles ont quitté définitivement le bidonville après avoir bénéficié des aides à l'habitat rural.
Sur le chemin du retour, des collégiens font du stop pour se rendre à Tighilt Bougheni, le chef-lieu de la commune. Ce qui rappelle l'embarrassant problème du transport scolaire dont souffrent essentiellement les lycéens de la cité Tamdikt.


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