L'objectif d'Algérie Télécom est de « devenir la deuxième entreprise du pays par le chiffre d'affaires après Sonatrach ». C'est la déclaration faite par Brahim Ouaret, PDG de l'entreprise, qui a animé hier une conférence-débat au centre de presse d'El Moudjahid. Le premier responsable de cette entreprise a mis la barre très haut lors de cette rencontre et s'est voulu rassurant quant à l'avenir d'Algérie Télécom. Comme d'habitude, il a fourni aux journalistes un tas de chiffres et de statistiques qui se veulent des indicateurs de l'évolution des activités. Il a révélé que les dettes de l'opérateur historique sont de 33 milliards de dinars, dont 12 milliards détenus par le Trésor. Les créances ont atteint 7,2 milliards de dinars dans le fixe, dont 25% vis-à-vis des services publics et 7% dans le mobile. « On a engagé une entreprise spécialisée dans le recouvrement. Elle fera du porte-à-porte pour trouver une solution à l'amiable, sinon nous allons ester les mauvais payeurs en justice », a-t-il précisé. Il a indiqué aussi que son entreprise a subi un préjudice de plus de 600 millions de dinars dû au détournement de lignes (piratage). Il a annoncé, en outre, la création d'une quatrième filiale pour gérer les ressources informatiques (data center et applications). Elle fournira des services aux autres filiales et aux entreprises intéressées. Concernant le montant des investissements, M. Ouaret a affirmé que le plan 2004-2008 prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars au développement et au lancement d'un emprunt obligataire suivant les traces de Sonelgaz et Air Algérie qui y ont eu recours pour soutenir les investissements prévus. Un investissement qui permettrait à l'opérateur historique d'atteindre 6 millions de lignes fixes, 3 millions de lignes ADSL (haut débit), entre 7 et 8 millions de lignes mobiles, 20 000 GMPCS et 20 000 VSAT. Algérie Télécom a choisi des partenaires de choix pour généraliser l'ADSL, à savoir Korea Telecom, deux sociétés chinoises (Huawei Technologies et ZTE Corporation) ainsi que l'Eepad. Cependant, et malgré les discours rassurants, il y a fort à craindre que l'ADSL ne connaisse pas le succès escompté au regard du taux de pénétration en ordinateurs personnels et de connectivité à Internet (2,5%). Il s'explique, entre autres, par le fait que bon nombre d'Algériens n'ont pas les moyens de s'acheter un ordinateur personnel, ce qui n'est pas fait pour arrimer l'Algérie à la société de l'information ni contribuer à l'essor du commerce électronique. La pénétration d'Internet varie d'un secteur à l'autre. Les taux de pénétration sont élevés dans des secteurs où les entreprises ont l'habitude d'utiliser, de créer, de traiter ou de diffuser l'information dans le cadre de leurs activités principales. Le nombre d'abonnés au fixe est de 3 021 600, dont 173 300 lignes en WLL CDMA. Algérie Télécom se propose de construire des relations d'affaires à long terme avec les opérateurs économiques intéressés par le secteur des télécommunications et des multimédias. Une extension de 400 accès en frame relay est prévue. Il s'agit d'un service de télécommunications conçu pour supporter, à moindre coût, des transmissions entre des réseaux locaux distants et entre des points terminaux d'un réseau étendu. Au-delà de ces déclarations, il faut dire que la demande en instance de raccordement téléphonique reste très importante (811 000) et que la qualité de service est médiocre. L'accueil dans les 97 Actel reste à parfaire. La télédensité du fixe est de 7,44% et la croissance des télécoms est tirée par le succès de la téléphonie mobile et l'émergence d'Internet. Le nombre d'Internet Service Provider (ISP) est de 35. La plate-forme Internet Djaweb compte 100 000 clients avec 10 000 accès simultanés (7000 accès RTC et 3000 accès liaisons spécialisées). La réforme des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) en Algérie a bien démarré. Elle peut constituer un exemple pour d'autres secteurs de l'économie, car elle a un impact tangible et mesurable. Néanmoins, le retard par rapport à d'autres pays reste important.