La justice se trouve souvent sollicitée par les malades ou leurs proches, victimes d'erreurs médicales émanant de médecins ou d'agents hospitaliers sans aucune qualification. Un appel à la tenue des assises nationales de la santé en Algérie a été lancé par le professeur Abdelaziz Ayadi, président de l'ordre des médecins de la région de Annaba, jeudi dernier, lors de la 10e édition de la journée internationale de déontologie médicale. « La nécessité d'établir un diagnostic de la situation du secteur de la santé et d'élaborer une stratégie en vue de son adaptation aux mutations sociales et économiques que connaît le pays, a été mis en avant dans cet appel qui s'adresse, en premier lieu, au ministre de tutelle », explique l'éminent chirurgien. Ces assises nationales de la santé devront également permettre d'évaluer la formation continue des médecins, qui représente aujourd'hui une condition essentielle à l'amélioration de la qualité de l'acte médical et de la prise en charge des pathologies. S'agissant précisément de ce point, l'ordre des médecins algériens compte mettre en œuvre une démarche destinée au suivi et au contrôle de la formation continue des médecins. Celle-ci, qui va s'étaler sur deux ans, sera consacrée par le « permis à points », devant refléter la progression professionnelle des médecins. Par la formation continue, l'ordre des médecins algérien entend ainsi agir de manière concrète pour donner plus de crédibilité au système de santé et contribuer à la prévention des préjudices corporels en rapport avec les erreurs médicales, les négligences ou autres accidents médicaux fautifs. La justice, qui est souvent sollicitée par les malades victimes, ou leurs proches, a du mal à gérer convenablement ces dossiers car ne disposant pas de structures spécialisées. « Faut-il indiquer que les erreurs médicales peuvent émaner des médecins mais aussi des agents hospitaliers dont ceux issus de l'emploi des jeunes n'ayant aucune formation ou qualification ? » fait remarquer notre interlocuteur. Cette 10e édition de la journée internationale de déontologie médicale aura permis, par ailleurs, d'évoquer le problème des médecins touristes étrangers qui continuent d'exercer sans qu'ils soient inquiétés outre mesure. L'ordre des médecins estime que l'activité de ces médecins étrangers touristes, « à risque », devrait être assujettie à une autorisation ou à la signature d'une convention car il y va du respect des lois de la République. Le pays n'a besoin aujourd'hui que de spécialistes en cardiologie infantile ou en greffe rénale ; il faut savoir qu'il existe quelque 3 000 médecins chômeurs, a-t-il été souligné lors de cette rencontre, qui aurait dû plancher de manière approfondie sur l'ampleur des maladies nosocomiales et les solutions pour les réduire. Une maladie nosocomiale résulte-t-elle d'une erreur médicale ? Car il s'agit là d'un manquement aux règles d'hygiène et d'absence de procédures opératoires standard dans les hôpitaux (circulation du personnel médical dans les blocs de chirurgie, nettoyage, asepsie, gestion des gaz médicaux, etc.) La formation continue des médecins ne suffit pas, à elle seule, à mettre à niveau le système de la santé au diapason des évolutions technologiques et des attentes de la société. Elle doit être accompagnée d'autres mesures qui rompent avec le saupoudrage et le bricolage caractérisant, jusque-là, le système sanitaire en Algérie. « Le respect de l'éthique médicale ne dépend-t-il pas de la performance des structures médicales et hospitalières ? »S'interroge Pr. A. Ayadi.