Comme chaque année, la journée du 23 février est consacrée Journée nationale de La Casbah d'Alger. Que faut-il dire de plus, sinon évoquer de manière récurrente et non moins lassante ce legs classé dans les tablettes de l'Unesco comme patrimoine universel ? Des tables rondes et des rencontres sont organisées à l'occasion, par-ci, par-là, par des associations pour dresser l'amer constant de l'état des lieux, et décrier, dans la foulée, l'indigence des initiatives et autres stratégies de sauvegarde qui se sont relayées depuis l'Indépendance. Depuis, des actions de préservation ont été tentées pour sauvegarder le patrimoine, au moment où d'autres bien-pensants avaient suggéré de démolir certains pans de la cité pour y ériger des demeures répondant au goût de… leur jour. Des gens de la culture, à l'image de Mohamed Temmam, s'étaient élevés pour faire avorter l'idée saugrenue de ceux qui tenaient mordicus à se débarrasser d'un legs historico-culturel et fief de hauts faits d'armes. En vain, l'intention de nuire n'a pas tardé à donner ses premiers «fruits». N'est-ce pas qu'on a réussi à détruire la chose par l'abandon ? Les structures chargées de sauver ce qui peut l'être avaient (et ont) peine à coordonner leurs actions avec la société civile. Il est vrai que certains propriétaires de la cité de Sidi Abderrahmane avaient pris conscience de l'importance de cet héritage matériel, mais le décor présent prête très peu à l'optimisme. Comme il serait ingénu de se perdre dans le labyrinthe nostalgique immatériel, celui-là même qui ose convoquer, au détour de quelque souvenance, l'ambiance bon enfant qui caractérisait, jadis, les venelles, les patios et autre menzah des douérate dont les murs passés à la chaux vive tranchaient joliment avec le sarment volubile du jasmin. Sauf que je ressens un pincement au cœur lorsque je suis flanqué de quelques touristes qui tiennent à arpenter le dédale de la cité. Que dois-je cacher et que dois-je montrer comme senteurs d'histoire à ces curieux visiteurs qui immortalisent dans leur numérique des scènes sans âme ? Hormis le Musée des Arts et Traditions populaires, tronqué d'une scénographie casbadjie et le Musée de la Miniature plein de vide, le reste des palais est soit en chantier, soit non accessible. Quant au cimetière des princesses Fatma et Nfissa, c'est une autre histoire. Sans compter les quelques mausolées nichés au cœur de la cité, squattés, sinon effacés de la mémoire.