Habitués aux résultats des sommets de la Ligue arabe, les Palestiniens, qui ne s'attendaient pas à de grands changements au cours de la réunion d'Alger, l'ont suivi avec peu d'intérêt. Ce sommet a quand même eu le mérite d'avoir réussi à stopper, momentanément peut-être, la lancée d'une dizaine de pays arabes, qui étaient fin prêts à se jeter dans les bras d'Israël. Pour certains, il s'agissait de rétablir des relations gelées au cours de l'Intifadha déclenchée en l'an 2000, alors que d'autres voulaient entamer ces relations avec l'Etat sioniste. « Nous ne voyons aucune raison pour une telle ruée vers des relations avec Israël. Il continue à construire des colonies et une barrière (de sécurité). Il ne mérite rien. S'il avait fait un geste, nous aurions fait un geste », a déclaré Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe. Cette ruée, inexplicable aux yeux des Palestiniens, se fait alors qu'Israël refuse toutes les initiatives de paix suggérées par les pays arabes. Dans ce contexte, par la voix de Sylvain Shalom, son ministre des Affaires étrangères, le gouvernement israélien a rejeté le plan de paix arabe déjà approuvé par le sommet de Beyrouth, trois ans auparavant, et réitéré par les dirigeants arabes au Sommet d'Alger. Ce plan qui propose une normalisation des relations entre tous les pays arabes et Israël, en échange de la restitution par l'occupant de toutes les terres arabes occupées en 1967, la création d'un Etat palestinien avec El Qods comme capitale et un règlement juste de la question des réfugiés palestiniens, est assimilable au programme du président Mahmoud Abbas et de son gouvernement. Celui-ci a appelé Israël à remplir ses obligations. « Nous disons à Israël que nous sommes engagés dans la Feuille de route et dans les accords conclus à Charm El Cheikh, nous espérons toutefois que cet engagement sera réciproque. » La réponse israélienne, sur le terrain, a été des plus claires. Elle représente un véritable défi aux Palestiniens, aux dirigeants arabes, ainsi qu'au reste de la communauté internationale. ` Shaoul Mofaz, le ministre Israélien de la Défense, a en effet, donné son feu vert, lundi, à la construction de plus de 3500 nouveaux logements dans la colonie juive de Maale Adoumim, située à l'est de la Ville sainte. L'objectif d'un tel acte est de relier cette importante colonie dortoir de 28 000 habitants, aux quartiers de colonisation de la ville d'El Qods occupée et annexée à l'Etat hébreu en 1967, dont elle est distante de 10 km. Cet acte matérialise les propos du Premier ministre israélien Ariel Sharon qui a promis de renforcer les colonies de Cisjordanie et surtout celles qui entourent la Ville sainte, qu'il considère comme partie intégrante de la capitale israélienne unifiée pour l'éternité. « La décision du gouvernement israélien et de son ministre de la Défense de construire plus de 3500 unités à Maalé Adoumim signifie le sabotage de tout effort destiné à remettre le processus de paix sur les rails », a déploré le négociateur palestinien en chef Saeb Erekat. C'est ce même Ariel Sharon, responsable de tant de massacres contre les Palestiniens, qui a été qualifié par le colonel Maâmar El Kadhafi de collaborateur au service des Arabes et des Palestiniens. Le discours du colonel libyen prononcé à la fin du Sommet d'Alger a entraîné un véritable tollé parmi les Palestiniens de tout bord. Ce dernier qui n'ose plus dire « toz » à l'Amérique, comme il aimait le faire, déjà détesté, à cause des mauvais traitements qu'il a infligés à la diaspora palestinienne vivant en Lybie, dont il a expulsé une grande partie après la signature des accord d'Oslo, a surpris tout le monde, lorsqu'il a qualifié les Palestiniens d'idiots. Ces propos ont été officiellement rejetés par Tayeb Abderrahim, le secrétaire général de la présidence palestinienne, qui a demandé au dirigeant libyen de s'excuser auprès du peuple palestinien.