Les 72 logements participatifs de la cité Laghirou, réalisés dans la précipitation, livrés sans aménagement et attribués dans le cadre d'une formule qui a montré ses limites, font partie de ces agglomérations où les qualificatifs « hideux » et « inhabitables » ne sont qu'euphémismes. Les détritus y jonchent le sol à longueur d'année, la poussière, les rongeurs et les moustiques y sont omniprésents et les odeurs nauséabondes, dégagées depuis les eaux stagnantes, vous coupent le souffle. Plusieurs doléances adressées par le comité de quartier aux responsables quant à l'aménagement urbain et l'éclairage public sont restées lettre morte. Idem pour le phénomène de la prolifération des baraques, dont certaines parmi elles, désertées par leurs occupants bénéficiaires de logements sociaux, ont été transformées depuis peu en lieux de rencontres pour les marginaux et autres adeptes de Bacchus. Pis encore, chaque vendredi, des constructions illicites y sont érigées avec la bénédiction de milieux occultes. Les quelques espaces verts qui résistent encore à l'irréversible avancée du béton et des constructions illicites ont été transformés, à leur tour, en lieux où l'on s'adonnent à la culture des légumes ou à l'élevage des ovins. « Je compte liquider mon logement à n'importe quel prix et partir m'installer ailleurs », dira un habitant