Le secteur du tourisme en Algérie peine à émerger. C'est en résumé le malheureux constat dressé par les participants au 8e symposium international consacré à la thématique du tourisme, dynamique territoriale et développement durable, organisé par l'entremise du MDI Business School, hier, à l'hôtel Hilton à Alger. « L'Algérie n'est pas un pays touristique. C'est un pays en construction touristique », tient à préciser Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme, lors de son intervention. M. Rahmani ira jusqu'à reconnaître l'existence d'un « déphasage » entre les nombreuses potentialités dont l'Algérie dispose et la réalité du terrain peu enviable. « Les produits que nous fournissons doivent être à la hauteur des potentialités », suggère-t-il encore. C'est en raison d'ailleurs de ce « déphasage », faut-t-il le rappeler, que près d'un million d'Algériens partent annuellement en direction de la Tunisie pour y passer leurs vacances. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) a rappelé le tableau peu reluisant de notre pays dans ce domaine. « L'Algérie, pays du bassin méditerranéen, une des principales régions touristiques du monde qui capte 34 % des flux mondiaux, enregistre un retard important ; elle ne tire que des revenus dérisoires eu égard à ses potentialités », analyse-t-il, en estimant que l'Algérie est classée au 147e rang mondial, devancée de loin par le Maroc et la Tunisie, sur 174 pays. M. Hamiani résume les faiblesses du secteur. Il cite, essentiellement, le manque des investissements, l'absence d'une culture touristique, un environnement d'affaires peu attractif et un personnel peu qualifié. Pour sortir de cette léthargie, le président du FCE plaide pour « des changements profonds » qui seront assumés par l'Etat en faveur de « l'entreprise touristique privée », laquelle peut, d'après lui, « apporter les compétences, le savoir-faire... ». Le patron des patrons appellera à « l'intervention de l'Etat » à travers, entre autres, la mise en place d'un cadre de financement adapté, l'amélioration de la « lisibilité » des marchés, l'ébauche d'une politique d'attractivité des territoires, l'enrichissement d'une vision globale sur l'importante croissance des problématiques de développement durables, d'éthique et de protection de l'environnement et enfin, la mise sur pied d'une politique de formation adaptée pour se mettre aux standards nationaux. Tout un programme. Très attentif aux suggestions apportées par le président du FCE, le ministre semblait contrarié par ses mises au point. Et comme il fallait réagir, M. Rahmani s'était penché longuement sur le projet du Schéma directeur d'aménagement touristique 2025 (SDAT), dont l'objectif, précise-t-il est « d'insérer l'Algérie sur le réseau international du tourisme ». De son côté, Boualem Aliouat, professeur à l'université de Nice, Sophia Antipolis, a emboîté le pas à Hamiani, en rappelant un « paquet » de contraintes empêchant une véritable relance du secteur du tourisme en Algérie. Il s'agit, à ses yeux, d'abord d'un manque d'intérêt à l'égard du tourisme, le manque de PME, l'insuffisance de la qualité de formation, le manque de soutien au secteur public, un caractère saisonnier de l'activité touristique et des atteintes au patrimoine naturel et culturel. Comme quoi, beaucoup reste à faire.