Le président Abdelaziz Bouteflika a quitté Istanbul, hier après-midi, après trois jours de lobbying économique intensif. Que ce soit avec son homologue Ahmet Necdet Sezer ou le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, devant les patrons ou le président de l'Assemblée nationale, le chef de l'Etat algérien n'a pas cessé durant sa visite d'Etat - la première du genre - de plaider pour un accroissement des relations commerciales entre l'Algérie et la Turquie. « Nous avons assuré et consolidé nos grands équilibres macroéconomiques et renoué avec une croissance soutenue. Notre pays est maintenant engagé dans un vaste programme quinquennal de soutien à la croissance, doté de 50 milliards de dollars », a expliqué M. Bouteflika, mercredi soir, cité par l'APS. Il a invité les entrepreneurs turcs à y prendre part. Hier, il a répété devant le Conseil des relations économiques extérieures de la République de Turquie (DEIK) que « ce programme représente, pour les cinq prochaines années, des opportunités d'établissement de rapports encore plus forts entre les opérateurs de nos pays ». Des patrons turcs avaient évoqué, jeudi, devant le chef de l'Etat algérien, des « contraintes » rencontrées dans leurs démarches en Algérie. Devant le DEIK, M. Bouteflika leur a dit sa « ferme intention de poursuivre les efforts de ces dernières années pour améliorer encore l'environnement destiné à favoriser les investissements ». Le chef de l'Etat était entouré lors de ce voyage de son conseiller économique, Mourad Medelci, mais pas du ministre des Finances. La Turquie et l'Algérie négocient pourtant depuis des années un accord de libre-échange. De nombreux autres accords économiques ont été signés, le plus important concernant Sonatrach et la société pétrolière turque Batos. Ce qui explique la présence de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, à Ankara. Le chef de l'Etat n'a d'ailleurs pas manqué, durant le toast organisé en son honneur, de se faire le premier promoteur du gaz algérien : « Les remarquables taux de croissance de votre économie induisent des besoins croissants en énergie, principalement en gaz, qui pourraient avantageusement être satisfaits par des exportations algériennes. » M. Bouteflika a eu le temps d'effectuer des visites culturelles en s'attachant à chaque fois à mettre en avant l'identité géographique et religieuse que partagent la Turquie et l'Algérie. Dès son arrivée à Ankara, il a déposé un bouquet de fleurs sur le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, à Anitkadir, le père de la Turquie moderne et laïque. Il en a profité pour expliquer, à travers un texte de Abdelhamid Benbadis, que le père de la Révolution turque ne s'en était jamais pris aux musulmans, comme certains l'avaient affirmé. Jeudi, M. Bouteflika s'est rendu à Bursa, à 365 km d'Ankara, où il a inauguré une avenue au nom de l'Emir Abdelkader, qui avait séjourné de 1852 à 1855 dans cette petite ville. A Istanbul, l'Emir Abdelkader était également au programme, dans une exposition qui, selon le directeur des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, met en avant « la coopération entre l'Algérie et la Turquie à un moment donné de l'histoire pour faire face aux ennemis de l'Islam ». M. Bouteflika a enfin rencontré la communauté algérienne dans la capitale économique turque, qu'il a rassurée sur le retour de la sécurité en Algérie et sur le bien-fondé de son projet d'amnistie. Durant ces trois jours, le chef de l'Etat et son homologue turc ont également eu l'occasion de mesurer leur convergence de vue sur des questions d'actualité liées à l'Irak ou au terrorisme, notamment sur leur soutien à un « retour rapide de la stabilité et à la sauvegarde de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale » en Irak, selon Ahmet Sezer, dont le pays n'a pas intérêt à voir les Kurdes d'Irak accéder à un quelconque type d'autonomie.