Mohamed-Seghir Kara, ministre du Tourisme, a animé un meeting jeudi dernier à Bechloul (wilaya de Bouira), répondant à une invitation de la Coordination continue pour la réconciliation nationale (CCRN) qui s'est réunie pour débattre du sujet de l'heure : la réconciliation nationale et l'amnistie générale. Cette première sortie médiatique du ministre, au lendemain de la clôture du 8e congrès bis du FLN, et dans cette région plus particulièrement, est tout un symbole. Le message qu'elle véhicule est d'une haute teneur politique. Mohamed-Seghir Kara s'est déplacé en terrain conquis. Il connaît bien la région. Né à Lakhdaria, il a été président du comité provisoire de la mouhafadha de la wilaya de Bouira et président du comité de soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République dans la même wilaya en 1998. Il est considéré comme un fidèle parmi les fidèles de Abdelaziz Bouteflika. En prenant la parole dans une maison de la culture aux murs décrépis par l'humidité, il s'insurge contre « ceux qui font de la Kabylie un fonds de commerce. Moi, je ne suis pas venu vous promettre de faire ceci ou cela, mais de vous aider à réunir les conditions favorables à une relance économique ». Il critique aussi les responsables qui « parlent des problèmes de la région à partir des bureaux, mais qui n'ont jamais mis les pieds ici, et ceux qui veulent accréditer que la région est infréquentable ». Le meeting s'est déroulé en présence de Yahiaoui Djamel, représentant des archs. Bechloul est une région où les jeunes sont des proies faciles du désespoir. Le chômage, l'injustice et la frustration sont vécus avec douleur. Alors, certains, après avoir lancé des signaux de détresse, se suicident. D'autres coupent les routes. Les mots utilisés par la population sont durs : « Les oubliés... Bechloul, la cité du néant. » Le remède consiste, selon ses propos, à « cesser de régler des comptes politiques et à stabiliser la région pour permettre aux opérateurs de venir investir ». Un jeune a affirmé : « Il n'y a pas, à vrai dire, de problèmes entre l'Etat et les jeunes, mais une crise de confiance. » La CCRN a adopté une déclaration dans laquelle elle atteste que « cette rencontre se veut un coup de starter pour ne pas dire un feu vert citoyen pour une campagne de sensibilisation autour de la réconciliation nationale ». Elle engage une pétition citoyenne invitant le président de la République à visiter la wilaya et appelle les citoyens à s'organiser en comité de village et commune et à coordonner leurs efforts afin de faire campagne pour l'amnistie générale. Mohamed-Seghir Kara s'est engagé à venir en visite officielle à Bouira pour lancer des projets touristiques. Le but est d'« apaiser une région qui a tant souffert ces trois dernières années en lui indiquant une voie de sortie de crise ».