Agé de 45 ans, Khelifa Berrabha, neveu de cheikh El Hachemi Guerrouabi, né à Chlef, figure parmi l'un des rares membres encore en activité de l'association El Afrah, créée en 1973 par feu Djelloul Moulfi pour les trois genres musicaux en vogue à l'époque : le chaâbi, le chant moderne oranais et le bédouin. Il a survécu aux événements tragiques qu'a connus la région ces deux dernières décennies (séisme et terrorisme). Une situation qui, faut-il le rappeler, avait plongé le monde culturel et artistique dans une profonde léthargie. Il a fallu attendre ces dernières années pour voir enfin les choses bouger dans le sens souhaité par les principaux animateurs de la scène locale. Avec les autres rescapés du groupe, en l'occurrence Amouri, les frères Sahouadji, Sourgui, Belmokhtar, Hafi Ahmed et Madjid Benabouabdellah, le chanteur Berrabha réussit à créer sa propre association musicale dénommée El Hachimia. « Celle-ci a pu voir le jour grâce au concours et aux conseils de mon oncle cheikh El Hachemi Guerrouabi qui a bien voulu mettre à notre disposition une série d'œuvres de son riche répertoire », dira-t-il. C'est le début d'une nouvelle aventure musicale qui va mener le groupe un peu partout dans le pays pour des soirées de chaâbi dans le cadre de cérémonies officielles et de fêtes de mariage. Le public, ravi, découvre avec joie un professionnel du chaâbi aux qualités indéniables, qui sait interpréter avec métier son art. Devant le succès enregistré par ces sorties et sur insistance de ses fans, il décide d'investir les studios et de produire sa première cassette, dont les paroles sont de Djamel Bouzid, un poète issu également de la ville de Chlef. Elle comporte des chansonnettes avec des arrangements rythmés, un style adapté au goût du jour, compte tenu des exigences du moment. Une manière, selon lui, de permettre au chaâbi de revivre et de reprendre sa place dans le paysage culturel local. « Dans ma longue carrière, je n'ai jamais produit de K7, mais seulement des enregistrements audio et cela pour plusieurs raisons, entre autres, le contexte défavorable qui ne permettait pas aux chanteurs d'évoluer positivement. A présent, je pense que l'heure est venue de réinvestir le terrain, de relancer et de promouvoir la chanson chaâbi qui fait partie du riche patrimoine local », souligne-t-il. Dans le lot des autres projets sur lesquels il travaille actuellement, figurent l'enregistrement de CD, le passage dans une émission télévisée et la réalisation d'un clip pour le compte de l'ENTV.