Erigé au cœur de l'antique Sitifis, le lotus fait, depuis plus de deux longues années, couler beaucoup d'encre. Les rumeurs et spéculations des uns et des autres à propos du coût d'un tel ouvrage vont bon train. Il faut souligner que les chiffres avancés sont, le moins que l'on puisse dire, dénués de tout fondement. Le lotus de Sétif, avec ses 12 m de longueur et 14 m de diamètre, est le troisième au monde après les deux premiers, installés respectivement à Hong Kong (Chine) et Djakarta (Indonésie), lesquels comportent 8 m de longueur et 6 m de diamètre. Pour ne pas faire durer trop longtemps le suspens, la facture du « palmier », fabriqué en Inox Sus 3042B, s'élève à 26 670 150 DA (toutes taxes comprises). La TVA est de l'ordre de 3 875 150 DA, soit 17% du montant de la pièce fabriquée en Chine. Les frais de douanes avoisinent, nous dit-on, les 6 millions de dinars. En faisant une simple opération de soustraction, l'on se rend vite compte, que ce « palmier » ne coûte pas à la collectivité plus qu'un petit joueur de football. Voulant connaître les avis des Sétifiens et de certains visiteurs de la cité, destination touristique de premier plan des gens du Sud, on s'est rapproché de bon nombre d'entre eux. Même si les avis restent plus ou moins partagés sur l'utilité ou l'emplacement de ce palmier, la plupart émettent un avis favorable. « Les chantres de la critique auront toujours quelque chose à dire à propos des œuvres et ouvrages initiés par un compatriote ; ce palmier va non seulement embellir la cité mais faire ici et là des émules pour ne pas dire des jaloux, car Sétif a été, et en de nombreux domaines, un précurseur », dira Rachid, un jeune émigré de retour au bled. Son copain Nacim pose, quant à lui, le problème de l'emplacement en ces termes : « Je ne suis pas contre, mais l'emplacement ne va-t-il pas poser un jour problème ? La placette de Bab Biskra est, à mon avis, l'endroit tout indiqué ». Lina, cadre dans une grande boîte privée descend en flammes l'opération : « C'est du n'importe quoi, une grosse pièce métallique au cœur de la ville est un non-sens. C'est ce qu'on appelle jeter de l'argent par les fenêtres. Les initiateurs sont passés à côté. Sétif mérite mieux qu'une telle balafre ». Sollicité par nos soins, Saïd Madani, architecte-urbaniste, enseignant à l'université de Sétif, donne quant à lui le quitus : « Cet ouvrage d'art casse la routine des villes algériennes qui doivent se mettre au diapason de la modernité. » Ce genre d'initiatives doit être soutenu et encouragé », a-t-il conclu.