Hier s'est tenue, à la maison de la culture de Annaba, la commémoration de l'assassinat du président Boudiaf. Commémoration est un grand mot puisque n'ont assisté à cet anniversaire qu'une dizaine de personnes, des proches et des militants de la première heure. Cette année encore, aucun officiel et encore moins le nouveau wali de Annaba n'ont tenu à venir. Même la salle où s'est déroulé l'assassinat a été fermée à clé, une clé en possession de la directrice de la maison de la culture qui n'a pas non plus daigné aller à son poste et s'est déclarée absente. La plaque commémorative a aussi disparu, de même que des éléments de l'installation confectionnée à titre bénévole au lendemain de sa mort. Chaque année, le président Boudiaf meurt un peu plus ; chaque année, chacun essaie d'oublier jusqu'à son existence en effaçant discrètement des bouts de ses restes et pour cette 17e année, on peut se demander si pour le 29 juin 2010, sa statue ne va pas simplement être déboulonnée et exportée vers l'Inde sous forme de déchet non ferreux. Que l'on ait été d'accord avec lui ou pas n'est pas important. Que Boumaârafi l'ait tué tout seul ou qu'on l'y ait aidé à l'issue d'une longue partie d'échecs n'est pas non plus le but du sujet, la vérité ayant été enterrée au cimetière d'El Alia. Mais on ne tue pas un président tous les jours à la télévision et il n'y a, aux dernières nouvelles, qu'un seul homme qui portait la carte n°1 du FLN. Ce parti, dont le président d'honneur n'est autre que l'actuel président du pays et son secrétaire général conseiller particulier du premier, aurait pu envoyer au moins un cadre du parti de Annaba à la maison de la culture pour faire semblant de compatir. Ou au moins un colleur d'affiches. Le néant qui a décidé d'habiter l'Algérie ne serait pas aussi dangereux si ce même néant n'avait pas juré de diriger cette même Algérie.