Selon l'un des plus grands sites internet de son pays, «le concert d'Alger devrait permettre au prodige de la musique burkinabè de démontrer son talent et de confirmer tout le bien que l'on pense de lui», ajoutant que sans nul doute «le prince de Konkistenga saura trouver les bonnes notes pour séduire le public algérois». Pour cela, il dispose de sérieux atouts, notamment auprès des mélomanes amoureux des rencontres entre les musiques originelles et les musiques modernes. Et, même s'il demeure généralement peu connu ici, sa démarche, qualifiée de «son métis aux pulsions jazz et folk» a en effet de nombreux adeptes en Algérie. Elevé par une mère chanteuse traditionnelle, Alif Naaba a très tôt baigné dans la matrice musicale africaine. Il s'imprègne à la source des mélodies et rythmes traditionnels avant de découvrir, dans son adolescence, toute la panoplie des genres contemporains (jazz, reggae, blues, rock, world music…) qui influenceront ses premiers essais. En avril 2009, il déclarait au journal L'intelligent d'Abidjan : «J'ai pour habitude de dire que je suis de toutes les cultures. Je suis né à partir de mille neuf cent…. Nous sommes nés et avons trouvé des choses que nous avons touchées, senties et qui, forcément, reflètent notre travail. Ne voulant pas trahir ces choses, je me mets au carrefour ; là où mes pieds sont posés sur la culture, la musique traditionnelle de chez moi. Et mes ailes caressent et touchent toutes les musiques qui viennent d'ailleurs et que j'essaie d'ajouter à ma musique pour donner ce son, cette pulsion de jazz-folk. En même temps, ce son est moi : métis dans ma vision de voir et de sentir les choses.» De tâtonnements en recherches, il finit par trouver sa voie créative et, avec son premier album, Regards métis (2004), il est aussitôt remarqué. En 2005, il sort Foo, qui confirme son premier succès. Et dès l'année suivante, il engrange plusieurs distinctions africaines : le Kundé du public, le Meilleur album de la diaspora, le Clip d'or et, avec le titre Enfin ce soir, le Prix de la meilleure chanson francophone. Une véritable moisson qui marque l'engouement du public pour lui et correspond à l'apparition de tous les «titres» qui lui sont attribués : «Prince de Konkistenga, prince aux pieds nus… », mais toujours prince ! Il a vécu en Côte d'Ivoire jusqu'en 2003. C'est d'ailleurs à Abidjan que son premier album, Regards métis, est né, bien que ce soit dans son pays qu'il a connu les premières vagues de la réussite. Vivant aujourd'hui à Ouagadougou, il se rend régulièrement à Abidjan, où il est maintenant très demandé, et dans d'autres pays du continent, en accord avec ses passions panafricaines. Il a ainsi participé aux galas d'ouverture et de clôture du dernier Festival du cinéma africain de Ouagadougou et, récemment, il était au Rwanda pour une création musicale sur les 15 ans du génocide. Il s'affirme souvent en promoteur de la musique du Burkina Faso. Il a ainsi déclaré : «Elle était en train de chercher ses marques. Depuis deux à trois ans, il y a, je peux l'avouer, une prise de conscience. Il y a une professionnalisation du métier par la formation des managers, des administrateurs. Des artistes reçoivent des formations soit en composition musicale soit en gestion de carrière. Ce qui est frappant au Burkina Faso, c'est de voir, dans un paysage, des talents qui se développent, chacun ayant sa spécificité. Je pense que la musique burkinabè est une musique d'avenir. Je le dis en pesant très bien mes mots. C'est une musique qui, d'ici quatre à cinq ans, va détonner fort dans le climat musical en Afrique.» En tout cas, il œuvre fort pour que cet espoir se réalise. Et son dernier album, Wakat (l'envol), lui en donne quelques bonnes raisons. Ce soir, à 19h, Salle Mougar, Alger. Spectacle organisé par le CCF d'Alger.