Alif Naaba, chanteur et guitariste burkinabé est descendu jeudi soir hôte de la salle El-Mouggar, Alger, où durant près de deux heures, il a transporté le public par sa sublime voix envoûtante. De son vrai nom Mohamed Noura Kaboré, Alif – ou le Prince aux pieds nus, comme on le surnomme – est entré sur scène, comme à son accoutumée, vêtu tout en noir et pieds nus, une guitare à la main. La première chanson, comme la plupart qu'il interprétera, est “très thématique”, subtile. Elle raconte l'histoire d'un petit garçon qui ne rêve que de rejoindre les bancs d'école et la dure réalité des enfants du continent noir. Bien que le concert ait commencé tout en douceur, le chanteur a fini par “allumer le feu”. Ne se contenant plus, le public se mit à battre la cadence, à danser sous ces airs venus d'Afrique apportant de la chaleur et du soleil en cette fin de semaine pluvieuse. La voix d'Alif y est pour beaucoup. Pure, mais captivante, elle ne laisse personne indifférent. De même pour la jeune femme qui l'accompagnait : angélique et cristalline, teintée de chaleur ! Transportée, l'assistance n'arrêtait pas de fredonner quelques paroles, même s'elle n'y comprenait rien. Emportée par la magie du moment, une jeune fille n'hésita pas à déclarer sa flamme à l'artiste en criant : “Alif… je t'aime !” Révélé au public burkinabé par Regard métis, son premier album (kundé du meilleur artiste de la diaspora en 2004), Alif Naaba est devenu en quelques années, une valeur sûre du folk africain. En 2005, il signe son second album Foo, vendu à plusieurs milliers d'exemplaires et couronné du kundé de la meilleure chanson francophone. Sa musique est une rencontre entre la musique Moaga (du centre du Burkina Faso), le jazz et diverses musiques africaines. Dans son nouvel album Wakat, Alif Naaba, offre une musique acoustique et profonde à base de cordes et de percussions et de chants métis. Il s'est notamment distingué au Festival de jazz de Ouaga en 2006 et a séduit le public ivoirien en avril 2009 à l'occasion du Festival de musiques urbaines d'Anoumabo, se produisant aux côtés du Sénégalais Didier Awadi, du Togolais King Mensah, des Français Leslie et Willy Demsey et du groupe de rap burkinabé Yeleen. En juin-juillet 2009, il s'offre une première tournée française et américaine. Durant toute la durée du concert (organisé par le CCF), une osmose a régné entre l'artiste et son public. Et le moins que l'on puisse dire, c'était un pur moment de bonheur !