L'idole des burkinabés, sera ce soir à partir de 19h à la salle El Mouggar pour un concert exceptionnel sur initiative du centre culturel français d'Alger de concert avec l'ONCI (Office national de la culture et de l'information). Mohamed Noura Kaboré, Alif Naaba alias le prince de Konkistenga sera en chair et en os pour la première fois au Mouggar pour deux heures de concert de musique 100% africaine. En quelques années ce jeune basané comme Barak Obama, est devenu, l'idole des burkinabès. Lorsqu'il a atterri au Burkina Faso en 1999 avec son premier opus baptisé " Regard Métis " (c'est un Burkinabé de la diaspora), cet artiste-musicien a d'abord captivé les regards des mélomanes par son style vestimentaire sur scène. Le prince de Konkistenga, Alif Naaba est l'un des porte-voix de la musique burkinabée à l'extérieur. Son dernier album s'appelle "Wakat", il a des relations privilégiées avec Magic System et les Kunde...Toujours de noir vêtu et les pieds nus, ce look très particulier a bien un sens : " Je considère mon public comme un roi. Alors les pieds nus, c'est pour respecter ce roi. Chez le roi des Mossse, les gens chantent les pieds nus. Par ailleurs, je porte le noir parce que je suis Africain. Je suis contre l'idée que le noir est la couleur du deuil, négatif " explique l'artiste. Alif Naaba est aussi descendant de Naaba Konkis du village de Konkistenga. Voilà pourquoi on l'appelle affectueusement " le prince du Konkistenga ". L'artiste qui évolue sous la coupe de Seydoni Production va, au fil des ans, imposer sa musique moderne d'inspiration traditionnelle. " Regard Métis " lui vaudra d'ailleurs le kundé du meilleur artiste de la diaspora en 2004. Son second opus, " Foo " sorti en 2005 lui a valu également le Kundé de la meilleure chanson francophone " enfin...ce soir " à la 6e édition des Trophées de la musique burkinabée, les Kundé. L'album " Foo ", très prisé des mélomanes, a même connu une rupture de stocks lorsque l'artiste a été nominé aux Kundé 2005. La simplicité de son style, sa voix, en somme, le travail bien réussi avec son orchestre " Burbandé " ont convaincu les mélomanes de son talent. Rien que l'émission d'un son de son titre-phare " Bark biiga " fait frémir plus d'un. Ce titre a fait de l'artiste en un laps de temps, le chouchou des mélomanes. Des signes qui ne trompent pas en cette nuit du 29 avril 2006. L'artiste Alif Naaba était en attraction sur deux champs : le Festival jazz à Ouaga et la Nuit des Kundé. Alors qu'au niveau du CCF de Ouagadougou des filles (ses fans) tombaient en transe au regard de sa prestation, à la salle des fêtes de Ouaga 2000, l'artiste était plébiscité par les spectateurs. Il devenait de ce fait, l'artiste du public. Peu après cette nuit mémorable, l'artiste, pour témoigner sa gratitude à tous ses fans, leur a offert un concert live " Barka " à la Maison du peuple. Il allait encore relever un défi, celui de remplir cette salle de spectateurs en tant qu'artiste burkinabé. Ce rendez-vous réussi a fini de convaincre les uns et les autres du talent de cet artiste. Alif Naaba est bien sur les traces de Bil Aka Kora. Ceux-là ont compris que la musique moderne d'inspiration traditionnelle offre une réelle voie de succès."Mes albums ont besoin de beaucoup de temps d'écoute. Par exemple, "Fo" a été découvert dix mois après sa sortie. Sinon, "Wakat" est plus dans la tradition, avec plein de percussions et de rythmes comme le salou. J'avais aussi envie d'ouvrir ma musique, afin de rencontrer d'autres musiques. " avait-il soutenu.Pour lui "le peuple rwandais est arrivé en quinze ans à faire un saut important. Une histoire pareille s'oublie sur 200 ou 300 ans. Au Rwanda, on sent l'envie de vivre des gens. A travers les tribunaux populaires, Gachacha, ils ont pardonné. Les victimes rencontrent les bourreaux. C'est une dynamique à saluer. Tous les politiques africains doivent visiter les sites mémoriaux du génocide pour éviter de telles situations. Je vois un peuple brave qui a su se relever. " ajoute t-il à propos du génocide. Rachida Couri