L'artiste burkinabé, Alif Naaba, animera un concert exceptionnel demain dès 19h à la salle El Mouggar sur l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) en collaboration avec le Centre culturel français d'Alger (CCF). Surnommé «le prince aux pieds nus», Alif Naaba a été révélé au public burkinabé en 2004 par son album Regard métis. Il est devenu en quelques années une valeur sûre de la musique burkinabé et africaine. Son second album Foo, sorti en 2005, a été vendu à plusieurs milliers d'exemplaires. Son originalité musicale et son choix judicieux des thèmes du quotidien lui ont permis de remporter plusieurs prix, dont celui de la meilleure chanson francophone avec le titre Enfin ce soir et Clip d'or en 2006. Après plusieurs tournées en Afrique et en Europe, Alif Naaba présente aujourd'hui son troisième opus Wakat, fruit de plusieurs années d'expérience. A propos de ce nouvel album, il avait confié à la presse burkinabaise : «Wakat, sous un angle, signifie l'envol. Mais Wakat traduit le bon moment pour l'envol. C'est un album enregistré à Ouaga parce que je voulais aussi ressortir toute cette chaleur qui s'en dégage, le bruit des motos le matin. J'avais envie que ce parfum se dégage de tout ce qui, en Ouagadougou, est atypique. J'ai enregistré avec des musiciens que j'ai formés ici. Pour moi, c'est un album qui doit partir d'Ouaga et toucher le monde entier.» Elevé par une mère chansonnière traditionnelle, Alif Naaba a été bercé, dès sa tendre enfance, par les chansons d'une femme restée longtemps seule. Sa musique vient de cette intimité, de cette complicité entre une mère et son fils. Sa musique est un condensé d'émotions et d'espoirs, une musique d'ici et d'ailleurs, vigoureusement chargée de thématiques subtiles et réelles, qui invitent à l'introspection et à la méditation. Cette musique est une fusion de sonorités africaines saupoudrées de notes de jazz. Alif Naaba explique aussi à propos de son surnom, le prince aux pieds nus, que «j'adore beaucoup la terre. Chez moi au salon, vous allez voir un grand tableau qui symbolise la terre. J'aime être en contact avec la terre. Quelque part, je tiens cela de mon quotidien culturel, aussi de mes racines. Chez moi, je suis prince parce que descendant de cette famille qui est le Komkiss Tenga. Je sais que, dans la cour du Naaba, dès que des chantres y entrent pour jouer, ils se déchaussent. Avec respect et humilité, je considère, en face de moi, le public comme la cour, les rois. Pour moi, c'est important parce que nous sommes tout à fait différents des Européens. Nous devons nous identifier de par ce qu'on est et de ce qu'on a : la culture». S. A.