Intervenant, hier, à la 2e journée de la 14e rencontre du groupe africain de l'Union internationale des magistrats (UIM) consacrée à la relation médias-magistrats, organisée à la cour suprême, le président du SNM, Djamel Aïdouni s'est déclaré contre la dépénalisation de la presse dans « le contexte actuel où règne encore l'anarchie et l'irresponsabilité ». Christophe Regnard, président de l'union syndicale des magistrats de France a estimé pour sa part que la presse et la justice « revendiquent la recherche de la vérité », mais « se heurtent », lorsque cette recherche passe par la divulgation des informations couvertes par le secret professionnel. Evoquant l'expérience française, il a relevé que la France « se dirige vers la dépénalisation de la presse et le transfert des délits de celle-ci vers les tribunaux civils pour se contenter des dommages et intérêts ». Kamel Himeur, secrétaire général du syndicat national des magistrats a estimé que « sans expression publique du pluralisme des idées, la démocratie ne peut fonctionner », mais a néanmoins relevé « les dérives » qui, parfois, portent atteinte à la vie privée des personnes, à leurs droits, à leurs honneurs, à leurs réputations, qu'ils soient victimes ou prévenus, présumés coupables ou innocents. Il a insisté, dans ce contexte, sur l'importance de concilier liberté de presse et responsabilité. Par ailleurs, il a souligné que les médias peuvent agir de diverses façons sur le déroulement du procès-pénal et même lors des investigations. Il a ajouté que dans les affaires liées notamment aux scandales financiers, des « réseaux » interfèrent et des lettres anonymes atterrissent dans les rédactions, outre les rumeurs qui alimentent les tirages. M.Himeur a parlé de « manipulation » et « dérive » qui causent « des dommages collatéraux » et « mettent en péril la vie privée des acteurs du procès pénal et qui peuvent agir même sur les pensées des juges ».