L'eau est source de conflits dans plusieurs régions à travers le monde. Pendant que les pays arabes recherchaient, lundi à Alger, une solution à même de mettre un terme « au pillage par Israël » des eaux du Moyen-Orient, plusieurs autres « guerres » de même nature sont signalées aux quatre coins de la planète. Tous les experts réunis hier à Alger dans le cadre de la première session du Conseil des ministres arabes de l'Eau s'accordent à dire que la ressource hydrique doit être partagée et nécessite une gestion transfrontalière commune. Néanmoins, cela peine à se concrétiser sur le terrain, ce qui crée des tensions entre les Etats, en l'absence de l'atout principal pour parvenir à la paix : le partage des eaux. En Inde, les populations des deux Etats du Tamil Nadu et de Karnataka se battent aujourd'hui pour l'usage des eaux du fleuve Cauvery. En Afrique australe, le conflit le plus connu oppose le Botswana à la Namibie autour des eaux du fleuve de l'Okavango. La volonté du Botswana de préserver le delta de l'Okavango -Makgadikgadi et de son écotourisme (dont les retombées financières sont importantes) a provoqué les foudres des Namibiens, qui entendaient transférer l'eau du fleuve vers la capitale, Windhoek, afin de couvrir les besoins en consommation industrielle et domestique. Le problème qui avait opposé l'Algérie à la Libye, issu de la volonté des deux Etats d'exploiter les eaux de la nappe albienne, semble réglé à la faveur d'un accord entre les deux pays impliquant aussi la Tunisie, pour un partage équitable des eaux souterraines du Sahara, si l'on tient compte des explications du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. L'eau est aussi à l'origine d'un conflit en Asie centrale qui date de plus de 50 ans et qui oppose les quatre pays de la région, à savoir le Kirghizstan et le Tadjikistan situés en amont des deux fleuves Amou Daria et Syr Daria (source du conflit) et l'Ouzbékistan et le Turkménistan, situés, eux, en aval des deux fleuves. L'équation est rendue beaucoup plus complexe par une bataille géopolitique que se livrent les quatre voisins. Les deux premiers pays cités (le Kirghizstan et le Tadjikistan) possèdent la quasi-totalité des sources d'eau de la région, alors que les deux autres, en l'occurrence l'Ouzbékistan et le Turkménistan, possèdent très peu de sources, mais sont riches en pétrole et en gaz. Les cartes de pressions sont diverses et le conflit autour des ressources en eau perdure depuis plus d'une cinquantaine d'années. Les ministres arabes de l'Eau, en réunion lundi dernier à Alger, ont évoqué le conflit opposant Israël aux autres pays du Moyen-Orient. L'exploitation illégale des eaux des nappes phréatiques palestiniennes de Cisjordanie pénalise tous les pays de la région et met la Palestine en état de stress hydrique permanent. Israël ne cesse de brandir aussi la menace de dévier les deux fleuves Hasbani (Liban) et Yarmouk (Syrie). Israël a même signé un accord pour le transfert d'eau douce par tankers depuis la Turquie. Ce pays détient aussi la clé de l'approvisionnement en eau du bassin du Tigre et de l'Euphrate, en Irak. Pour ainsi dire, les tensions persistent et se généralisent dans plusieurs régions du globe, propulsées par les pressions démographiques et les pénuries. Les risques de conflits entre Etats sont ouverts et revivifiés par les jeux de géopolitique qui opposent plusieurs pays d'une même région. Les experts et les ONG, à l'instar du Conseil mondial de l'eau, préconisent « l'hydro-diplomatie » et la négociation pour trouver une solution aux problèmes posés, mais aussi à d'autres éventuels conflits que pourrait provoquer l'eau.