Les pays arabes semblent les plus touchés par le stress hydrique. Y a-t-il des projets et/ou des solutions à même de faire évoluer les choses en matière d'accès à l'eau ? Avec les pays arabes, nous pourrions travailler sur plusieurs questions et projets liés à la gestion et à l'accès aux ressources hydriques. Les pays arabes maîtrisent déjà plusieurs technologies à l'instar du dessalement, du traitement des eaux usées pour leur réutilisation ainsi que le transfert des eaux sur plusieurs kilomètres, chose qu'est en train de réussir actuellement l'Algérie avec son fameux projet de grand transfert In Salah-Tamanrasset. Il faut concentrer les efforts sur la gestion car nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle phase d'économie de l'eau qui, faut-il le reconnaître, n'était pas la règle jusqu'à maintenant. Nous avons beaucoup de difficultés à surmonter à travers le monde et nous devons travailler ensemble de manière à asseoir de nouvelles méthodes pour une gestion et un partage meilleurs des ressources hydriques. Avez-vous identifié d'autres régions qui souffrent de difficultés pour l'accès à la ressource hydrique ? La situation est très variable d'un pays à un autre et d'une région à l'autre. C'est pourquoi au niveau du Conseil mondial de l'eau, nous avons mis en place un projet pour les pays arabes et un autre pour les pays de la Méditerranée. Les pays du Proche-Orient sont les plus affectés et c'est pour cela que nous appelons cette région « le triangle de la soif ». Il y a aussi la région allant de Gibraltar jusqu'au Pakistan en revenant vers la Somalie, mais il existe encore des pays qui souffrent plus péniblement du stress hydrique. C'est pourquoi nous travaillons, à notre niveau, afin d'apporter des solutions grâce à une meilleure maîtrise de la technologie. Le problème du pillage par Israël des eaux du Moyen-Orient a été à nouveau posé. Le Conseil mondial de l'eau que vous présidez est-il en mesure de suggérer des solutions afin de venir à bout de ce casse-tête ? Il faut être modeste sur cette affaire car nous ne pouvons pas régler un problème qui existe depuis 50 ans en une seule journée. Le Conseil mondial de l'eau est disposé à participer à toute action de dialogue entre les différentes parties, comme nous l'avons fait au forum de Mexico entre la Turquie, la Syrie et l'Irak. Cette rencontre a servi de bon exemple de dialogue et moi, personnellement, je suis disposé à participer à une autre forme de concertation. Nous apportons aussi notre collaboration pour régler les mêmes problèmes posés en Asie centrale qui est, depuis plus de 50 ans, le théâtre d'un conflit parmi les plus persistants de la planète pour l'utilisation de l'eau des deux fleuves Amou Daria et Syr Daria. Quel est votre avis sur la politique algérienne en matière d'eau ? L'Algérie a une politique très harmonieuse depuis quelques années en matière de mobilisation et de gestion des ressources en eau. L'Algérie fait aussi dans la diversification de la ressource et ce, grâce d'abord aux programmes de dessalement, aux champs captants de la Mitidja ainsi que les grands transferts qui sont actuellement en train de se faire. A Alger, il y avait, il y a dix ans, un rendement de réseau de l'ordre de 50%, mais ce taux atteint aujourd'hui 80% grâce à une meilleure politique de gestion de l'eau.