Malgré l'appel de Nelson Mandela, les grandes puissances du G7, réunies hier à Londres, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la réduction de la dette extérieure africaine qui s'élevait en 2004 à 275 milliards de dollars. Vendredi soir, à la veille de la réunion du G7 finances à Londres, l'ancien président sud-africain Nelson Mandela se voulait optimiste en plaidant pour un effacement de la dette africaine. « L'Afrique n'aura pas de stabilité économique tant que vous n'accorderez pas 100% d'allégement de la dette, multilatérale comme bilatérale. Si nous n'agissons pas maintenant, cela deviendra un tel problème à l'avenir que le monde n'aura pas assez de ressources pour le traiter », a-t-il lancé devant le parterre de ministres des Finances des grandes puissances et des gouverneurs des banques centrales.Mais son appel est resté lettre morte. Dès vendredi soir, les divergences sur ce sujet étaient criantes. Le ministre britannique des Finances, Gordon Brown, appuyé par la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon, n'a pas réussi à imposer son « plan Marshall » pour l'Afrique. Ce dernier vise à atteindre les objectifs du millénaire édictés par l'ONU, dont la réduction de moitié de la pauvreté dans le monde d'ici à 2015. Il s'appuie sur trois axes : l'abaissement des barrières commerciales, l'annulation de la dette des pays les plus pauvres vis-à-vis des grandes institutions financières internationales (soit un montant de 80 milliards de dollars) et la mise en œuvre d'une facilité financière internationale (IFF) destinée à doubler l'aide annuelle au développement, la faisant passer de 50 à 100 milliards pendant les dix prochaines années. L'IFF permettrait de financer le développement par l'emprunt : les pays riches garantiraient les émissions obligataires des pays pauvres, leur permettant d'obtenir des taux avantageux. Mais les Etats-Unis, représentés à Londres par leur sous-secrétaire au Trésor, John Taylor, refusent le principe de l'IFF. La dette extérieure de l'Afrique était évaluée en 2004 à 275 milliards de dollars par le Fonds monétaire international (FMI). Elle devrait grimper à 278,5 milliards de dollars cette année, toujours selon le FMI. Contrairement à l'idée largement répandue selon laquelle le surendettement ne serait que le résultat de l'incurie des gouvernements africains, la majeure partie de la dette a été contractée entre 1985 et 1995, sous la surveillance étroite des institutions de Bretton Woods, dans le cadre des programmes d'ajustement structurel. Programmes qui n'ont pas donné les résultats escomptés en matière de croissance et de développement... Devant le blocage américain, la France et l'Allemagne ont décidé samedi d'adopter une initiative commune alliant l'IFF et l'idée d'une taxe internationale d'un dollar sur les billets d'avion, en vue de financer la lutte contre le sida en Afrique. Dans leur communiqué final, les pays du G7 se disent prêts à accepter des allègements de dette multilatérale, pouvant aller « jusqu'à 100% », après un examen au cas par cas des situations des pays. Ils admettent aussi le principe d'un « programme de travail » sur l'aide au développement lors du prochain G8. C'est au tour de Gordon Brown d'être optimiste : « C'est la première fois que les grandes puissances s'engagent sur la possibilité d'une annulation totale de la dette des pays pauvres et je n'ai aucun doute sur les progrès réalisés en ce qui concerne la réduction de cette dette. »