Après les messages pacifistes au Caire de Barack Obama en direction des musulmans, Washington engage la stratégie de l'épée en direction des talibans. Les marines déployés en Afghanistan ont lancé une opération d'envergure contre les « étudiants en religion » dans la province du Helmand, dans le sud du pays, la plus vaste opération américaine aéroportée et terrestre depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. L'opération Khanjar (coup d'épée) comprend près de 4000 Américains ainsi que 650 policiers et militaires afghans. Cette offensive, à laquelle participent une cinquantaine d'avions, consiste à faire intervenir les troupes contre les bastions des talibans dans le Sud. Les marines doivent pénétrer dans la vallée de la rivière Helmand, profondément dans des zones tenues par les talibans et où les forces internationales n'ont pas réussi à s'implanter. « L'idée, c'est d'y aller en force, d'y aller fort et vite » Des responsables militaires américains ont indiqué que l'opération Khanjar est censée convaincre les Afghans de la région que les forces de sécurité afghanes - soutenues par les forces internationales offrent un meilleur avenir à long terme que les islamistes. « C'est un plan important, un plan qui présente des risques », a déclaré à ses hommes le général Nicholson, commandant en chef du corps expéditionnaire des marines en Afghanistan, lors d'un point de presse. L'offensive doit durer 36 heures dans sa première étape très offensive et apporter la sécurité dans la vallée de l'Helmand. Les Américains espèrent, avant la tenue en août de l'élection présidentielle, inverser la tendance militaire, qui a vu les talibans monter en puissance dans le pays. « L'idée, c'est d'y aller en force, d'y aller fort et vite. En agissant ainsi, on sauvera des vies dans les deux camps », résumait devant ses adjoints le général Larry Nicholson. A Washington, l'état-major américain a annoncé qu'un soldat était porté manquant depuis le 30 juin et qu'il avait certainement été capturé par les insurgés, sans que l'on sache s'il s'agit d'un autre ou du même militaire. L'armée américaine a dit ne déplorer aucune victime sérieuse dans les premières heures de l'opération Khanjar. Les Américains indiquent avoir déjà pris un district du Helmand sans rencontrer de résistance, les talibans auraient préféré fuir, selon l'état-major US. Les taliban, de leur côté, ont déclaré dans un communiqué qu'un de leurs combattants avait été tué et que « 11 soldats étrangers » avaient été tués ou blessés. « Des milliers de moudjahidine talibans sont prêts à combattre les troupes américaines engagées dans cette opération », a assuré le mollah Hayat Khan, un commandant de haut rang des talibans afghans. Le ministère britannique de la Défense a, en outre, fait savoir que deux soldats avaient été tués dans une explosion mercredi, dans la province d'Helmand, au cours d'une opération de préparation à Khanjar. Helmand : fief des talibans et de l'opium Helmand, la région visée, a une importance stratégique, fief des talibans, mais aussi la première province productrice d'opium du pays, qui fournit 90% de la production mondiale de cette drogue. Son trafic et celui de ses dérivés, comme l'héroïne, sont considérés comme une des ressources des réseaux rebelles. L'offensive permettra également de dégager les routes des engins explosifs de fabrication artisanale, arme favorite des militants islamistes. Des drones seront utilisés pour suivre le déroulement de l'opération. Cette importante opération dans l'Helmand survient au lendemain du retrait des forces américaines des villes en Irak. Quelque 17 000 soldats américains supplémentaires sont attendus à la mi-juillet en Afghanistan, où ils seront rejoints avant la fin août par 4000 hommes chargés de la formation des forces de sécurité afghanes.