Sol « mou », faille sismique, projet non similaire à celui présenté au chef de l'Etat : la polémique est relancée autour du chantier de la Grande mosquée d'Alger. La Grande mosquée d'Alger serait construite pas loin d'une faille sismique active, appelée la faille de Sahel, apprend-on d'une source officielle sous couvert de l'anonymat. « Il y a de fortes chances pour que la faille du Sahel débouche sur ce site », explique la même source. Et de certifier que « si la faille du Sahel débouche à cet endroit, le mouvement vertical du sol sera très important en cas de séisme et les appuis antisismiques ne protègeront pas l'ouvrage dans ce cas ». La sonnette d'alarme des experts nationaux n'a pas cessé d'être tirée. Notre source nous explique que l'endroit choisi pour le projet auquel le président Bouteflika tient énormément est malheureusement sujet à « liquéfaction ». Autrement dit, c'est une terre « molle » qui représente un risque en cas de tremblement de terre. Le site se trouve proche de l'oued El Harrach et de la mer. A cet endroit, le sol est constitué d'une couche de sable de plus de 40 mètres d'épaisseur probablement sujette à la liquéfaction : pendant les quelques secondes du séisme, le sol et perd toute sa résistance, entraînant un basculement de l'ouvrage. Les études sismiques du sol effectuées suite au tremblement de terre de 2003 ou celles d'avant ont relevé que le sol de Mohammadia est l'un des plus mauvais qui puisse exister dans la zone d'Alger. Vu la nature du sol choisi pour l'implantation de ce gigantesque projet, des études approfondies ont été recommandées par le groupe allemand. Mais de l'avis de notre source, les concernés par ces études approfondies sont en train de « chercher les solutions les plus faciles ». Car, affirme-t-on, les amortisseurs antisismiques pour lesquels le bureau d'études avait opté ne résolvent pas le problème dans la mesure où ils peuvent à tout moment céder ou être déplacés. « De plus, des contrôles et des suivis réguliers et périodiques doivent être opérés. Il s'agirait en effet de soulever toute la mosquée d'une manière très délicate et de remplacer le système antisismique ! », s'exclame notre source. Est-ce faisable ? Oui, mais difficile et excessivement cher, toujours selon notre source qui préconise le système antisismique classique. La réalisation de la Grande mosquée veut ressembler dans son aspect technique à la Grande mosquée de la Place des Martyrs à Alger qui n'a jamais cédé à un quelconque séisme ni autre catastrophe. Son secret ? Elle est bâtie sur un rocher. Un sol loin d'être identique à celui de Mohammadia, selon notre source. En plus, notre interlocuteur avance que les appuis antisismiques augmenteront le coût du projet de 20 à 30%. Par ailleurs, sur l'aspect architectural tel qu'il est présenté actuellement par le bureau d'études, il ne correspond nullement à celui présenté au président Bouteflika, selon un architecte proche du dossier. Il affirme que les matériaux utilisés sont différents.