C'est tout d'abord une « spécieuse » grève au regard de ses motifs puisque ses initiateurs revendiquent le maintien du gérant de la ferme pilote Saïm Kaddour à son poste après sa mise à l'écart par la SAEX Ouest, une filiale de l'ONCV, attributaire des 4 autres fermes. Les ouvriers agricoles de la ferme pilote Saïm Kaddour située sur les piémonts dans la commune d'Aoubelil sont en grève depuis le 28 juin dernier. L'événement en soi passerait inaperçu n'étaient-ce les non-dits qui l'entourent qui, eux, sont dans toutes les bouches à travers le Témouchentois et qui lui ont permis de défrayer la chronique locale pour compter au titre de ses plus gros scandales. Néanmoins, ce qui fut déclaré le 15 juin lors du dépôt du préavis de grève comme le 30, lorsque celle-ci fut effective, mérite qu'on s'y arrête. Retenons quelques faits. C'est tout d'abord une « spécieuse » grève au regard de ses motifs puisque ses initiateurs revendiquent le maintien du gérant de la ferme pilote à son poste après sa mise à l'écart par la SAEX Ouest, une filiale de l'ONCV, attributaire des 4 fermes pilotes à travers le Témouchentois. Et pour aussi illégale qu'elle est, cette action est soutenue par l'UGTA. Cela, ce sont les apparences qui confortent la position de la SAEX qui, sur le terrain, n'a pas encore réagi alors que l'opération de moisson-battage sur les 420 ha de la ferme, des terres classées à hautes potentialités, a été suspendue et alors que la préparation des vendanges doit être assurée sur ses autres 217 ha. Mais à l'inverse, fait tout aussi notable, les ouvriers agricoles n'ont pas recouru à la grève alors qu'ils étaient en droit de faire lorsque, durant 8 mois, ils sont demeurés sans salaire. Cela, ce sont eux qui le notent pour légitimer l'action qu'ils ont déclenché afin de dénoncer « un acte arbitraire » sanctionnant iniquement les bons résultats de leur entreprise considérée comme la plus performante de toutes les fermes pilotes de l'ouest, une entreprise qui, avec ses salariés et son directeur a fait face aux affres du terrorisme lorsque la région était à feu et à sang. A cette époque, ce cadre avait été d'ailleurs le seul à vouloir du poste à la tête de la ferme. Et aujourd'hui, d'aucuns témoignent que ce responsable avait, malgré les menaces de mort, tenu tête à Kada Benchiha, l'émir de triste réputation, alors qu'Aoubelil était la nuit « zone libérée ». Ainsi, malgré l'interdit qui avait empêché toute vendange à travers la région, seule la ferme Saïm Kaddour avait récolté son raisin. C'est l'obligation des résultats qui prime et non pas les titres Depuis, et jusqu'à récemment, plusieurs audits sur la gestion de la ferme ont été réalisés sans qu'il ait été relevé la moindre erreur ou faute de gestion de la part du gestionnaire. Lorsqu'on demande après les raisons de la mise à l'écart du gérant, il lui serait reproché d'être un technicien de l'agriculture et non un ingénieur : « Mais, en matière de gestion, ce qui est demandé à un cadre, c'est l'obligation de résultats et non pas des titres ! Or, ceux du gestionnaire démis sont même meilleurs que ceux d'autres gestionnaires qui se prévalent d'un ingéniorat ! », rétorque-t-on. Au bout du compte, la seule explication avancée quant à cette énigme assure que le gestionnaire est victime d'un retour de manivelle pour avoir été le seul à dénoncer un acte de gestion d'un ancien cadre de la SAEX qui avait été démis de ses fonctions mais qui a été récupéré pour siéger à un niveau bien supérieur au SGP qui possède en particulier en portefeuille, et la SAEX et l'ONCV. En outre, l'on indique que directeur et salariés de la ferme Saïm Kaddour ont été les seuls à ne pas émarger à l'époque une pétition signée par d'autres au profit de celui qui aurait en sous main actionné sa revanche. En son temps, nous avions fait écho à cette affaire dans ces mêmes colonnes. D'autres voix soutiennent une version encore plus soupçonneuse : « Et s'il ne s'agit pas d'une mise au pas qui vise d'autres objectifs ? Rappelez cette ferme à Chabat dédiée à certaines pratiques culturales et à laquelle on avait voulu fourguer pour d'obscures raisons des vaches laitières ? C'est la mobilisation générale qui avait fait avorter cette décision ». C'est dire si à Témouhent, le scandale enfle. Et face aux marques de sympathie et de solidarité qui leur ont été manifestées, les ouvriers ont levé partiellement la grève, ce jeudi, en reprenant la moisson des céréales.