L'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) a accusé en des termes à peine voilés les producteurs privés de ciment d'être à l'origine de la pénurie. Lors d'une conférence de presse organisée hier, le président de cette organisation patronale, Mouloud Kheloufi, a estimé le déficit du marché à 3 millions de tonnes, alors que les responsables en charge du secteur évaluent le manque à gagner à 1 million de tonnes seulement. Le porte-voix de l'AGEA a estimé aussi que l'extension des capacités de production des cimenteries publiques pourrait servir de solution à même de juguler la crise. Selon M. Kheloufi, cette augmentation entraînerait un équilibre du marché et un alignement des prix entre producteurs publics et privés.L'Algérie produit actuellement quelque 20 millions de tonnes de ciment, dont 13 millions de tonnes sont produites par des cimenteries publiques, le reste étant assuré par des entreprises privées, selon les chiffres fournis par le même responsable. Ce dernier s'est interrogé sur l'écart entre les prix du ciment produit par les entreprises publiques et privées. Chiffres à l'appui, M. Kheloufi laisse entendre qu'un sac de ciment de 50 kg se vend à 230 DA sortie usine publique alors que le prix de ce même sac atteigne presque le double à 450 DA sortie usine privée. Ses déclarations viennent démystifier quelque peu une crise qui s'apparente à une situation de parfaite anarchie en l'absence d'une régulation censée mettre de l'ordre dans la maison. Sur le marché local, le produit se fait rare, sinon cédé à des prix très élevés se situant entre 1200 et 1350 DA le quintal. Le marché du ciment semble échapper carrément au contrôle de l'Etat, qui s'avère impuissant à trouver une solution à ce problème. Début juin, le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, avait annoncé l'importation d'un million de tonnes de ciment pour faire face à la « grande spéculation » que connaît le marché national. Le ministre de l'Habitat, lui, a préféré s'arrêter au stade d'une simple « pression » dont souffrent les unités de production.