Il a fallu attendre plus de deux heures et demie le début du spectacle de la chorale Ebène, lundi soir au Théâtre de verdure d'Alger. Plus de deux heures à regarder un mouvement de techniciens, incroyablement, amateurs, faire les balances et les ajustements de son devant un public patient. Pire. Les membres de la chorale Ebène de la radio sont montés sur une scène obscure, ont chanté pendant quinze minutes avant d'en redescendre. Ils étaient là pour des... tests de micros. Du bricolage à l'état pur ! En dépit de tout ce charivari, la sono a mal desservi l'excellente chorale Ebène. Les belles voix des jeunes choristes n'ont pas été bien rendues en raison d'une technique défaillante. Aucune brochure ni aucun autre document n'ont été remis au public ou aux journalistes sur les groupes participant à la soirée. Qui connaît The Chameleon Band de Gambie ? Le Panaf' 2009 est certes une occasion de les connaître, mais pourquoi n'a-t-on pas pensé à produire des fiches de présentation de tous les artistes présents à Alger ? George Kebaso, un journaliste du Kenya Times, nous a sollicités pour avoir des informations sur la chorale Ebène. Mais que fait tout le personnel recruté pour la communication du Panaf' ? A la cafétéria du Nadi El Anka, à côté des gradins, peu de choses vont oublier les ratés. Des serveurs, qui ont oublié le sourire aux vestiaires, de l'eau chaude et quelques gobelets de café, si vous avez de la chance ! L'animatrice de la soirée a chargé en live la technique pour le retard. Elle n'avait pas tort. Les Bandari Dancers, groupe de danse traditionnelle kényanne, sont entrés sur scène sans que les techniciens ne se rendent compte de la nécessité d'y installer des micros pour cela. Le massacre continuait à vue d'œil ! Heureusement que les artistes kényans sont de vrais professionnels et se sont vite adaptés à la situation. Une vague de couleurs accompagnées des percussions du Ngoma, le fameux tambour kényan, a déferlé sur les lieux. Les Bandari, qui n'ont aucun lien avec la fameuse chorégraphie iranienne, sont un ensemble de danses traditionnelles du Kenya. Selon Litswa George, responsable de la troupe, les danses sont inspirées de la culture massaï qui célèbre le rituel guerrier. Toute la diversité des Kikuyu des Pokots, des Kambas était mise en valeur. Après un istikhbar à la mode diwan, la chorale Ebène, dirigée par le maestro Abdelhakim Lemdani, a entamé un tour de chants riche : Malaïka et Pata Pata en hommage à la Sud-Africaine Myriam Makeba, Sodad en respect à la Capverdienne Caesria Evora (qui se produira aujourd'hui au Casif de Sidi Fredj), Ya rayah de Dahmane Harachi, Amin, amin de Othmane Bali, Harmtou bik Nouassi, et Kif El âamel du patrimoine andalou, Goumari de l'art diwan, du kabyle, du chaoui, du raï, du blues, du gospel, de la salsa, etc. « Des standards culte de la musique algérienne. Nous avons gardé les chansons dans leur authenticité. Le programme est composé de 23 titres : il y a la présence du Maghreb, de l'Egypte, de l'Afrique du Sud, de l'Amérique latine... », nous explique Abdelhakim Lemdani, directeur artistique de Ebène. Selon lui, l'idée de créer la chorale est née après l'hommage rendu par la radio à la chanteuse Myriam Makeba disparue en 2008 et après l'animation de la soirée du Micro d'or. « Les deux spectacles ont été réussis. Nous avons pensé à monter une grande chorale avec un ensemble instrumental. Comme le Panaf ‘2009 se préparait, nous avons décidé de lancer le projet. Nous avons commencé le 12 février dernier avec un noyau de 23 choristes. Nous avons fait des auditions, ensuite d'autres choristes nous ont rejoints », a noté Abdelhakim Lemdani. Ebène est composé de 44 choristes, dont des étudiants de pays africains et des membres des chorales Safir et Nagham et de 14 musiciens, certains viennent du groupe Djezma. Les lauréats de l'émission Turbo Musique de la Chaîne III, comme les jeunes Chemsou et Nadir, participent également d'Ebène. « Il y a ceux qui n'ont jamais fait partie d'une chorale ou font partie à un spectacle. Des jeunes qui présentent de bonnes qualités vocales », précise le chef d'Ebène.Des étudiants africains à Alger prennent part au projet. A l'image de Christophe qui vient du Burkina Faso. « J'ai écouté un communiqué à la radio cherchant des choristes pour un casting. J'ai décidé de participer. C'est une expérience enrichissante surtout que nous sommes d'origines différentes. Au Burkina, je chante le gospel à l'église. Je fait la polyphonie par passion », a-t-il expliqué. Enseignante à l'université, Samira est venue à la chorale par amour du chant en groupe. Elle faisait partie de la chorale féminine Safir que dirige Abdelhakim Lemdani. « Je trouve qu'il est plus intéressant de chanter ensemble que de le faire en solo. M. Lemdani était mon enseignant au lycée Hassiba et c'est lui qui m'a encouragée à faire la chorale », a-t-elle dit. Mais pourquoi le choix de l'appellation Ebène ? « J'ai donné cette appellation parce que l'ébène est un bois précieux et cher. Il prend beaucoup de temps pour devenir dur. Bois noble, il provient d'Afrique, du cœur d'un arbre enraciné dans la terre. L'Afrique, qui a une tradition orale, est écrite dans l'ébène et ses sculptures », a expliqué Abelhakim Lemdani qui est assisté de Mourad Ouadahi et Brakni Mohamed à la gestion de la chorale. Le 13 juillet, Ebène sera à Oran avant de se produire trois jours plus tard à Annaba.