La scène artistique de la capitale des Hauts-Plateaux est, le moins que l'on puisse dire, en ébullition. Ainsi, de nombreux artistes et comédiens qui ne sont plus sollicités, montent non seulement au créneau mais expriment leur colère vis-à-vis de certains gestionnaires du volet culturel au niveau local, plus que jamais pointé du doigt. Après donc un long silence, Tchier Abdelghani, le chantre de la chanson sétifienne, rompt le silence. L'interprète de l'hymne des Ententistes « Ya Sid El Khier Aamar Lahrar » ne comprend plus la manière de faire des concepteurs de programmes. Il déclare, à ce propos : « La patience a des limites. Les artistes sétifiens sont pour on ne sait quelle raison marginalisés. Lors du dernier concert organisé à Sétif en l'honneur de l'Entente, aucun chanteur sétifien n'est monté sur scène. Depuis 2004, je n'ai participé à aucune édition du festival de Djemila qui se trouve pourtant dans le territoire de la wilaya de Sétif. » Pour rappel, l'artiste avait entamé sa riche carrière en 1967 à l'âge de dix ans. « Je m'explique mal la manière de faire de ces programmateurs qui préfèrent travailler avec de pseudo-chanteurs, très forts en piratage. Dire que les pouvoirs publics font ces derniers années le maximum pour la relance de l'activité culturelle », souligne, non sans une certaine amertume, Tchier qui interpelle, à l'occasion, le premier responsable de la wilaya afin qu'il mette fin à cette « programmation » s'apparentant, selon le chanteur, à une sélection déguisée. Brahim Bouras, le président de la coopérative culturelle, « Enasr », vide ni plus ni moins son sac en ces termes : « Les huit spectacles donnés ici et là demeurent 18 mois après impayés. Notre orchestre, composé de 30 musiciens, attend, depuis, son maigre cachet. Avec un plan de charge presque vide, le chanteur sétifien chôme. » D'autre part, « cette situation met en péril l'existence même de la chanson sétifienne, qu'on marginalise », selon le parolier de « Ya Sid El Khier », qui n'oublie pas par ailleurs le sempiternel problème de la programmation laquelle décidément fait parler d'elle. Il martèle : « La participation aux semaines culturelles est l'exclusivité d'un cercle restreint de gens de la culture. Cette manière de faire pénalise un orchestre renommé pourtant pour son riche répertoire. Cette chape de plomb risque, à la longue, de faire très mal à la chanson sétifienne, partie intégrante de la culture algérienne. » L'artiste en a apparemment gros sur le cœur. Les responsables concernés, vont-ils mettre le holà d'autant plus que de nombreuses voix s'élèvent depuis un certain temps contre cette « programmation » ?