Une quarantaine de sans-papiers du centre de rétention de Vincennes, à Paris, ont entamé depuis le 30 juin dernier une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de rétention. Cette grève a été déclenchée suite à la tentative de suicide d'un retenu qui voulait protester contre son expulsion. « Nous avons enregistré six tentatives, dont trois de la part d'Algériens au cours du mois dernier, nous a expliqué Rachid, un ressortissant algérien qui a été expulsé vers l'Algérie mardi 7 juillet… Cela ne peut plus durer. » Un retenu avait tenté de se suicider en se jetant du haut d'un escalier, un autre s'est tailladé le corps tandis qu'un troisième a voulu mettre fin à ses jours en se pendant à l'aide d'un drap. Si ces tentatives de suicide s'expliquent par le refus des sans-papiers d'être expulsés vers leur pays d'origine, elles mettent aussi en exergue les conditions de vie déplorables dans ce centre qui contient 60 places et que les retenus assimilent à une véritable prison. Les grévistes de la faim ont élaboré une plateforme contenant onze revendications, notamment l'amélioration des conditions de rétention (nourriture, hygiène et tous les services internes avec l'administration et la police), la libération des retenus possédant une famille en France, l'arrêt des contrôles massifs, la mise à la disposition des sans-papiers d'un nombre suffisant d'avocats commis d'office durant les audiences et la fermeture des centres de rétention et la régularisation des sans-papiers. Certains grévistes que nous avons pu joindre au téléphone déplorent que depuis l'entame de leur mouvement de grève, les autorités compétentes n'aient pas réagi. Seule la Cimade, unique association autorisée à intervenir dans les CRA, continue d'apporter soutien, réconfort et assistance aux retenus. Installé en France depuis août 2001, père d'un enfant de 9 ans, scolarisé dans la région parisienne, Rachid, 39 ans, a été admis au centre le 5 juin dernier. Mardi 7 juillet, il a été expulsé dans un avion vers l'Algérie. Lui a été embarqué, des dizaines d'Algériens sont en attente d'être renvoyés dans leur pays d'origine. « Nous sommes les moins lotis dans ce centre, nous a affirmé le malheureux père peu de temps avant son expulsion. Les services consulaires algériens délivrent presque systématiquement des laissez-passer qui autorisent les policiers à nous expulser en toute régularités alors que Maliens, Tunisiens et Asiatiques parviennent eux à être libérés du centre faute de laissez-passer. Contrairement aux autres pays, il semble que l'Algérie coopère pleinement avec les autorités françaises dans le cadre de la politique d'expulsion des sans-papiers. » La réglementation stipule que si au bout de 32 jours de rétention, le retenu ne parvient pas à obtenir un document officiel de la part de son consulat, document prouvant son identité, il sera automatiquement relâché pour être invité à quitter le territoire français par ses propres moyens.