Entre la satire sociale et la contestation « politique », la réputation de Lotfi Double Canon est bien assise auprès du public oranais qui, jeudi soir au théâtre de verdure Chakroun Hasni, dans le cadre du Panaf (troisième soirée consécutive), n'a pas cessé demander avec force son titre intitulé « Bled Mickey ». « Vous voulez qu'on nous mette directement en prison ou quoi ? » a-t-il ironisé au départ alors qu'il venait déjà d'interpréter deux morceaux où il tournait en dérision les parvenus, affairistes ou députés, qui malgré leur « costumes cravates » restent toujours reconnaissables par leurs comportements grossiers d'arrivistes. Plus gentils sont ses clins d'œil ironiques aux chanteurs ou chanteuses de Raï et aussi aux starlettes (à l'exemple de Fella Ababsa ou Nancy Adjrem) qu'il évoque ou mime et qui ont fait le bonheur d'un public séduit mais qui n'a d'« oreilles » que pour « Bled Mickey » qu'il n'a pas cessé de réclamer à chaque pause. « Attendez-au moins que le wali parte ! » devait-il encore s'esclaffer en tendant son micro vers ses fans en délire. « Par ici la caméra de L'ENTV, montrez que c'est le public qui demande… », lance-t-il au même moment où un caméraman a réussi à monter sur la scène. « Je ne suis pas de l'ENTV », rétorque ce dernier. « Alors tu (le malheureux caméraman est juste un fonctionnaire dont le rôle est d'archiver les activités qui se déroulent à la wilaya) es de la sécurité », lui répond l'artiste avec son langage cru qui ne s'encombre pas de fioritures pour désigner les choses par leur nom, et c'est ce qui plait aux spectateurs. Il finira par répondre à leur sollicitation après avoir fait le tour de ses tubes les plus connus, y compris ceux qui, à première vue, contiennent un peu de romantisme mais où l'ironie finit par resurgir. Il interprétera, notamment, les succès réalisés avec d'autres artistes algériens d'horizons et de styles divers comme Lamine ou Allaoua. Avant lui, ce sont les pionniers du Raï, Bouteyba Sghir et Bouteldja Belkacem, qui ont animé la soirée entamée par les danses folkloriques du Zimbabwe. Le folklore africain est devenu un rituel qui caractérise toutes les soirées du Panaf d'Oran en attendant le passage des chanteurs d'autres pays africains que l'Algérie. La troupe de la Zambie, Bamoudzé, qui a animé le premier soir a donné un aperçu global sur les danses de ce pays pratiquées de manière ancestrale par plusieurs tribus. Elles ont précédé les prestations de Chaou Abdelkader, revenu avec le répertoire qui a fait sa renommée durant les années 70 (Bent el Djar, entre autres). Lors de la 2ème soirée, après les danses et rythmes sénégalais de Bakalama, ce sont le rappeur Big Ali et la troupe de R'n B Magic System qui ont tenu en haleine le public. Né à New York, Big Ali a été impressionné par l'accueil qui lui a été réservé à Oran, la ville qu'il a remerciée à plusieurs reprises.