Une seule impression se dégage de Baraki, celle d'une ville en chantier, rattrapée toujours par son histoire récente. On ne peut s'en défaire, surtout en entrant dans le quartier de Bentalha « martyrisé ». L'évocation de cet épisode fait remonter les souvenirs de la violence inouïe subite par la population locale dans la nuit du 22 septembre 1997, surtout à Haï Djilali et Boudoumi. « Ici pas de Panaf' (festival panafricain), juste l'ennui, les salons de thé, plutôt des bouibouis infects, n'arrivent pas à contenir tous les jeunes désœuvrés qui s'ajoutent aux bataillons de chômeurs venus de toute la Mitidja. La misère est notre lot toute l'année, mais en été elle est encore bien plus visible », lâche Salim, étudiant à El Harrach, dans une école prestigieuse, l'Institut d'agronomie. Le visage déjà ridé et brûlé par la chaleur, Farouk, 22 ans, affirme que l'été venu, c'est la « dèche » assurée pour tous ses semblables de Haï Djilali. « C'est à peine si on se réunit le soir dans les places poussiéreuses du quartier, les opérations de raccordement aux réseaux qui n'en finissent pas, font que les routes sont toutes dégradées. L'installation de réseaux a dégradé le cadre de vie bien plus qu'il ne l'était », poursuit-il. Conséquences : les habitants de toute la circonscription de Baraki souffrent du problème du transport. « Les localités de Baraki, Ouled Allel et Raïs, dans la commune de Sidi Moussa éprouvent ces mêmes difficultés à trouver un bus », se désole Ahmed Slamni qui part quotidiennement de Bentalha à El Biar où il travaille dans une administration, à l'annexe de la wilaya. « L'Etusa et les rares bus privés ne font pas l'affaire, il faudrait un plan Marshall transport pour toute la localité », souhaite-il. Les équipements font aussi défaut dans ces quartiers où des projets ont été lancés par la circonscription administrative de Baraki. « Le stade de football, en bordure du chemin de wilaya n°14 à Boudoumi, a été fermé. Et ce n'est pas, tout compte fait, le stade olympique, en travaux à l'entrée de la ville de Baraki, qui satisfera les besoins locaux, pas même l'école de football de Sidi Moussa. Le club de Bentalha, le widad Riadhi fait des progrès mais une aide ne serait pas de trop », assure Sid Ali, amateur de football et supporter du WRB et de l'USMH. « Un projet d'un hôpital de 240 lits a été inscrit dans la ville de Baraki. Tout cela n'est pas suffisant, les quelques polyclinique sont dépassées et les praticiens s'y morfondent », se désolent les citoyens. L'administration locale rassure. Le wali délégué M. Lebka, met en exergue les efforts « poussés » de l'Etat pour en finir avec la misère dans cette circonscription du sud de la capitale. « L'Etat a consenti une large enveloppe pour sortir cette région de l'ornière. Le quartier de Bentalha a bénéficié de 700 milliards de centimes. Aucun quartier en Algérie n'a eu autant d'égard. C'est dire tout l'intérêt qu'a l'Etat pour cette région », relève le wali délégué, qui affirme qu'au lendemain de son installation, il était étonné que cette région « fasse toujours partie » de la capitale. L'effort de la wilaya déléguée est important mais le résultat n'est jamais comme le souhaite la population dont la souffrance est aussi grande que son attente désespérée. « Les délégations de la wilaya ne font que passer sur la route de Sidi Moussa, on voudrait qu'ils lorgnent un peu du côté des quartiers. La souffrance y est importante », se désole Farouk, l'étudiant désabusé.
