Les transporteurs clandestins profitent de cette situation pour proposer la desserte sur 40 kilomètres des deux villes, Médéa et Blida à plus de 200 DA par personne. C'est devenu presque un « rite » : participer à la bousculade pour les plus lotis en muscles ou faire le pied de grue pour les autres afin de rejoindre Blida à partir de la gare routière de la ville de Médéa. En effet, chaque samedi, plus particulièrement, il faut souffrir le martyre ou avoir la corpulence d'un « rugbyman » pour « dénicher » une place assise ou même debout dans les bus reliant les deux villes. Femmes, enfants et vieilles dames sont littéralement emportées par la force de la nuée de corps, surtout de jeunes hommes en bousculade à l'approche d'un bus, a-t-on constaté de visu. Cette ruée rocambolesque a fait dire à plus d'un qu'elle rappelle à bien des égards, les fameuses années 1980 où il y avait un manque terrible en moyens de transport. La tension monte d'un cran et des rixes éclatent quand une femme est bousculée, un enfant ou une vieille dame piétinés, un mot obscène lancé par quelqu'un... « Je suis là depuis 8 h du matin, il est 11 h et je n'ai pu accéder à aucun des bus qui se sont succédé. J'ai peur d'être écrasée par cette marée humaine que vous voyez », lance une veille dame malade qui dit avoir raté un rendez-vous avec son médecin traitant à Blida. Les transporteurs clandestins profitent à volonté de cette occasion, pour proposer la desserte de 40 kilomètres entre les deux villes à plus de 200 DA par personne, alors que les taxis sont introuvables chaque début de semaine, avons-nous appris sur place. Quelques 300 mètres plus bas se trouve la station de taxis. La situation est la même. Une marée humaine presque semblable à celle laissée derrière nous à la gare routière, amassée, attendait vainement qu'un taxi en direction de Blida pointe à l'horizon. Un véritable « luxe » tant attendu par les citoyens en déplacement vers cette ville. Interrogé, un responsable au niveau de la gare routière, régulant les arrivées et départs des bus, nous a affirmé qu'environ une trentaine d'autocars assurent le trajet Médéa-Blida, mais en raison de l'anarchie dans la programmation des navettes, le problème demeure toujours posé. En effet,depuis quelques jours, la moitié des bus sont mobilisés ailleurs, (loués pour des excursions par exemple) ce qui réduit notablement le service et provoque ainsi ces grandes bousculades. D'autres transporteurs assurant en principe la même navette préfèrent les destinations les plus lucratives et optent plutôt pour la mer, surtout en cette saison estivale. Sur un autre plan, il convient de souligner que le parc du transport en commun assurant la desserte entre les chefs-lieux des deux wilayas est dans son ensemble très vétuste, alors que les jeunes n'arrivent pas à investir cet itinéraire dans le cadre des différentes formules de soutien à l'emploi. Par ailleurs, l'entrée et la sortie de la gare routière de Médéa sont problématiques. Les embouteillages, lors des heures de pointe, au seuil de cette gare, sont devenus intenables. La raison, nous explique un habitué de ces lieux, est l'exiguïté de l'espace destiné à l'arrêt des bus, mais aussi le manque de civisme de certains transporteurs, ne cherchant que le « ramassage » d'un maximum d'usagers. Cette situation, témoignent encore des voyageurs, profite aussi aux voleurs, aux « pickpockets » et autres badauds qui s'adonnent en toute quiétude à leur « besogne » pour délester de leurs portables ou autres objets, des victimes toutes indiquées, affairées à se frayer un chemin pour accéder à un bus plein à craquer…