Bruno Hadjih n'est pas totalement inconnu en Algérie. Il y a exposé la première fois au Mama lors de l'exposition photo organisée pour Alger 2007, capitale de la culture arabe. Le voilà de retour pour une expo individuelle au CCF d'Alger. Né en 1954 en Algérie, il vit à Paris et travaille dans le monde entier. Ses études de sociologie, spécialisées dans les religions et notamment le soufisme, demeurent un de ses thèmes de prédilection, visible dans ses grands reportages sur les Aïssaouas du Maroc, l'institution Al Azhar, les Ouïgours, musulmans chinois… Sa perception même de l'acte photographique s'en ressent du point de vue des compositions et cadrages. Il a ainsi affirmé : «Je travaille avec le vide (vide apparent). Ce vide n'est pas une lacune. C'est un espace agissant où la réalité reste mouvante et en suspens. C'est un vide au sens où l'entend Ibn Arabi… ». Mais il a photographié de nombreux autres sujets et endroits. On lui doit notamment un reportage sur les traces du grand voyageur Ibn Battouta. A mesure que sa notoriété s'est établie, il a eu besoin de revenir plus souvent au pays natal, depuis le début des années 90, ce qui a donné des reportages marquants et remarqués : Oran, la Kabylie, les Aurès, l'architecture d'Alger, le Marathon du Hoggar, Ghardaïa, etc. Il a participé aussi au numéro spécial Algérie de la revue Géo. Il a en outre cosigné avec l'auteur Aziz Chouaki l'ouvrage Avoir 20 ans en Algérie. Bruno Hadjih est régulièrement sollicité par la presse internationale. En 2000, il a obtenu le Grand Prix de la meilleure couverture magazine pour une photo publiée à la une du Magazine de l'Air. Ses œuvres ont fait l'objet d'expositions un peu partout dans le monde (Arles, Paris, Madrid, San Francisco, Bruxelles, Paris, Ramallah, Copenhague…) et son nom est désormais référencé dans le monde de la photographie. Avec «A l'ombre chaude algérienne», il présente des images d'une réalité que nous connaissons, mais qui demeurent étonnantes par leurs points de vue et compositions. «Ayant été absent de ce pays pendant plusieurs années, affirme-t-il, ma perception des choses n'en est que plus exacerbée. (…) J'ai abordé ce pays sans préjugé, comme je pourrais approcher n'importe quel autre. Sans excuse ni a priori. L'excuse d'y être né, de ne pouvoir photographier la nuit, les Casbahs, les banlieues, ferment de tous les excès, la rue face à l'hostilité des regards : l'excuse du danger. J'ai beaucoup photographié la nuit parce qu'elle voile avec pudeur ces ruelles improbables, ces cafés de voyageurs attardés.» Il y a là une vision mais également de l'art, avec un jeu sur les vides, une orchestration des sujets par son placement dans l'espace, des équilibres et déséquilibres qui se parlent entre eux et interpellent le regard comme la pensée. A voir, à regarder et à contempler. – CCF Alger. Rue du Capitaine Hassani. Du dimanche 11 avril à 19 h au jeudi 29 avril. Vernissage en présence de l'artiste.