«Dans l'ombre chaude algérienne» est une exposition de photographies de Bruno Hadjih, qui se tient du 11 au 29 avril au centre culturel français. Reporter, photographe et sociologue, l'artiste a focalisé son intérêt sur la ville et la jeunesse algérienne avec une perception et une dimension nouvelles. Son regard mâtiné de souvenirs et de réminiscences dévoile un fort sentiment de l'artiste pour ce pays qu'il affectionne particulièrement. Il revisite l'Algérie, son pays, avec objectivité et tendresse. «Revient-on dans son enfance ? La mienne pauvre se déploie dans la splendeur d'Alger. Toutes les villes après seront d'exil. Toutes se nourriront de la solitude, de l'abandon, de la peur, seule Alger échappe par la grâce inexpliquée originelle à l'ennui, à l'absurde, à l'enfermement.» Bruno Hadjih fait sienne cette citation d'Albert Camus qui montre son attachement à cette ville. Ces diverses œuvres sans titre pour la plupart laisse une part de liberté pour comprendre les sentiments du photographe. Mystérieuses, elles exacerbent cette sensation de vacuité que l'on retrouve dans chaque photo. A chaque image qui indique un site comme la plage, une ruelle, un jardin se greffe un seul personnage, anonyme, et l'on se demande presque ce qu'il fait dans ce lieu. Apparemment, Bruno aime jouer avec ce vide et ces citoyens lambda qui, presque, s'excuseraient d'être là dans cet endroit et moment précis. Or, n'est-ce pas le but du photographe de saisir des images insolites et en même temps d'une jeunesse en mal d'être et de repères ? Dénudées de toute fioriture, elles sont malgré ce vide pleines d'émotion et d'impressions ineffables. Prises au vif dans le noir au recoin d'une rue ou en bord de mer, ces photographies interpellent par leur profondeur de réflexion. Il met à nu une société en mutation qui commence à reprendre ses marques et ses balises. D'une grand esthétique, ces photos en noir et blanc donnent ainsi «une unité» selon les propos de l'artiste. Sa technique repose sur un concept minimal. «Tout juste suffisant pour permettre la justesse du cadrage, le déclenchement de l'obturateur et susciter le questionnement. Je travaille avec le vide (apparent). Ce vide n'est pas une lacune. C'est un espace agissant où la réalité reste mouvante et en suspens. C'est un vide au sens où l'entend Ibn El Arabi : absence d'artifices, dialogue avec l'essentiel», explique Bruno.