Les Gabonais attendaient, hier, la formation d'un deuxième gouvernement de transition, confiée au Premier ministre Paul Biyoghé Mba, à 45 jours de l'élection présidentielle la plus ouverte de leur histoire, avec douze candidatures déjà déclarées. M. Biyoghé Mba, qui succède à ce poste à Jean Eyéghé Ndong, démissionnaire, « aura bouclé son équipe dans quelques heures ». « Elle pourrait être connue dans la nuit ou demain (aujourd'hui, ndlr) », a assuré, hier, une source proche du pouvoir. Selon l'hypothèse la plus avancée à Libreville, M. Biyoghé Mba, ex-ministre de l'Agriculture, devrait reconduire la précédente équipe à l'exception des membres du gouvernement ayant déjà déclaré être candidats à la présidentielle. Au total, douze personnes ont officialisé leur candidature pour le scrutin prévu le 30 août, dont cinq étaient membres du gouvernement sortant. Parmi eux, Ali Ben Bongo Ondimba, fils du défunt président Omar Bongo Ondimba et ministre de la Défense, qui doit être officiellement investi candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) aujourd'hui, par un congrès extraordinaire. Figure aussi Jean Eyéghé Ndong, qui a annoncé vendredi sa démission du poste de Premier ministre (qu'il occupait depuis janvier 2006) et sa candidature en tant qu'indépendant. Par son geste, M. Eyéghé Ndong « montre l'exemple à tous les membres du gouvernement postulant à la magistrature suprême », a soutenu, hier, le quotidien semi-officiel l'Union. Le PDG vote Bongo Les autres candidats membres du précédent gouvernement sont le vice-Premier ministre Paul Mba Abessole (d'un parti membre de la majorité), les ministres Pierre-Claver Maganga Moussavou (Enseignement technique, également d'un parti membre de la majorité) et André Mba Obame (Coordination et suivi de l'action gouvernementale, indépendant). Sept autres personnalités non membres du gouvernement, dont trois femmes, complètent la liste des candidats déclarés. Les dossiers peuvent être déposés jusqu'à mercredi à la commission électorale, qui se prononcera sur leur validité avant d'annoncer la liste des candidats retenus. Pour le chercheur politique gabonais Wenceslas Mamboundou, cette abondance de candidatures « est une bonne chose pour la démocratie » : « L'horizon politique n'a jamais été aussi ouvert » dans ce pays de 1,5 million d'habitants dirigé pendant 41 ans par le président Omar Bongo Ondimba. Il se profile « une reconfiguration totale » de la scène politique et d'abord au sein du PDG, estime de son côté le journaliste et chroniqueur politique Abel Mimongo. Le PDG, « locomotive » de la majorité avec quatre décennies de suprématie dans les institutions politiques, est en proie à des soubresauts, assure-t-on dans les milieux politiques, ce qu'a implicitement reconnu hier sa hiérarchie après des dénégations répétées. « Le PDG est un grand parti qui regorge de nombreux cadres et qui est le seul parti étendu sur l'ensemble du territoire. A partir de là, les réactions vont être multiples, ça, il faut s'y attendre », a déclaré son secrétaire général, Faustin Boukoubi. Illustration en avait été donnée vendredi, avec les déclarations de candidature d'André Mba Obame, cadre du PDG et, jusqu'au 19 juin, puissant ministre de l'Intérieur, et de Jean Eyéghé Ndong, défiant le choix officiel du parti – Ali Bongo – pour postuler sans étiquette. Ils ont agi à la « quasi-surprise » du PDG, d'après M. Boukoubi. Le nouveau Premier ministre, lui, a exhorté à la tenue d'un scrutin apaisé. « Dans une démocratie, il y a forcément des avis différents. (...) Le Gabon, c'est notre base commune. Et personne ne devrait avoir à l'esprit de faire en sorte que cette base commune soit fissurée ou quelque peu malmenée », a-t-il déclaré.