La mairie de Bouguirat était en effervescence samedi dernier. En effet, dès les premières lueurs du jour, les représentants des habitants des douars de Kitchoua, H'maïmia, T'kaïkia, Ouled Youcef et El H'raoua se sont présentés en délégation au siège de la mairie du chef-lieu. Informés la veille, les responsables les attendaient de pied ferme. L'assemblée populaire communale, qui serait réduite à seulement 7 membres actifs sur les 11 qui la composent du fait de dissensions internes, s'attendait à cette fronde de la part d'une population excédée par les promesses sans suites des responsables locaux successifs. Ce que ne nie pas un des membres de l'exécutif qui préfère parler de priorité dans la programmation des actions de développement. Lui-même originaire de cette zone dépourvue, il met en exergue le début de réalisation du chemin qui dessert ces localités. En effet, sur place, il s'avère qu'une opération de confortement soit en cours de réalisation. Toutefois, les travaux entamés sur simple délibération de l'APC, grâce à une décision prise en ce sens le 18 avril dernier, n'ont pas été budgétisés malgré la signature d'un ordre de service en bonne et due forme que cet élu exhibe fièrement devant les représentants des douars. Ne niant nullement la recevabilité de la demande des citoyens, il dira que l'autorisation de procéder à un forage ne relève pas des prérogatives de la commune mais dépend essentiellement de la subdivision de l'hydraulique. Pour leur part, les représentants de la population estiment que l'eau est aussi, sinon plus prioritaire que la route. Un septuagénaire représentant un douar parlera pathétiquement de ses difficultés à trouver juste l'eau nécessaire à ses ablutions. La rencontre qui s'est prolongée au siège de la mairie, sans parvenir à restaurer totalement la confiance entre les protagonistes, sera poursuivie ultérieurement en présence des services de l'hydraulique. Besoins pressants En attendant un réel aboutissement des revendications, il est loisible de constater combien les besoins en eau sont pressants. En effet, au niveau des principaux douars visités en compagnie de membres d'une association, partout ce sont des enfants en guenilles qui, chacun selon ses moyens, parcourent la campagne à la recherche du liquide tant convoité. Si certains bénéficient de l'aide inestimable d'animaux de trait, d'autres n'ont d'autres ressources que leurs bras pour véhiculer sur de longues distances des jerrycans complètement rabougris par l'usage. Pourtant, au milieu de la campagne, les vestiges de deux immenses réservoirs sont encore visibles. Selon nos accompagnateurs, ils dateraient de l'ère du président Boumédiène et devraient être alimentés à partir d'une source aujourd'hui complètement ensevelie. Pour ce jeune président d'association, ces équipements qui n'ont jamais servi seraient considérés par les services compétents comme une preuve que la région dispose d'un réseau d'AEP conséquent. Ce qui se serait traduit par un cruel quiproquo dont la persistance maintiendrait la population à sec. C'est ainsi que, tous les matins, les enfants poussent non sans difficulté ces ânes résignés, en quête du moindre bruit d'une quelconque motopompe qu'un agriculteur chanceux aura mise en service pour irriguer quelques parcelles. Autrement, les habitants sont contraints d'attendre patiemment le passage d'une citerne de l'APC, qui viendrait, moyennant 200 DA, livrer le plus précieux des liquides. C'est cette situation d'extrême précarité que les habitants de ces douars asséchés sont venus dénoncer. Une simple histoire de priorité que seul un difficile arbitrage pourrait dénouer. Car la région, jadis florissante, manque terriblement d'eau. Peut-être qu'avec le MAO dont le démarrage tarde à se mettre en place, une partie de l'eau alimentant le chef-lieu de wilaya serait enfin disponible afin de maintenir en place les populations rurales.