Le Front des forces socialistes (FFS) a tenu hier une session extraordinaire de son conseil national dédiée à l'examen de la situation politique du pays et à la préparation des congrès fédéraux pour la prochaine rentrée sociale. Le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, intervenant en marge de la tenue de cette session, s'est exprimé sur bon nombre de questions, notamment l'aménagement du nouveau week-end en Algérie, l'affaire des moines de Tibéhirine et les possibilités d'alliance du FFS avec d'autres forces politiques. Concernant la première question, M. Tabbou a déclaré, en empruntant une expression du ministre de l'Intérieur – pour le contredire – que « c'est ça le vrai théâtre japonais ». « Les Algériens vont devoir arranger leur calendrier mais leurs souffrances restent les mêmes », a indiqué le responsable de la formation de Hocine Aït Ahmed, qui accuse les hautes autorités de penser aux intérêts des hommes d'affaires et d'ignorer ceux de la population. « Il s'agit d'une décision qui cadre avec la demande des milieux des affaires voulant multiplier leurs gains. Un milieu qui est très puissant au niveau des instances du pays, notamment les instances politiques. Ils s'arrangent ce qu'ils veulent. Dans un autre pays, un changement de week-end aurait d'abord suscité un débat sur ses répercussions sur le vécu des citoyens. Dans notre pays, il s'agit d'un faux débat et d'une diversion. » Interrogé sur la polémique née des suites de la réapparition de l'affaire des moines de Tibéhirine, M. Tabbou estime qu'« il s'agisse des moines de Tibéhirine ou des Russes qui ont été tués et de tous les Algériens égorgés et assassinés, c'est la question de la quête de vérité qui est soulevée. Et qui ne doit pas être dissociée de la tragédie qui a touché tout un peuple depuis 1992. Que ce dossier soit débarrassé de tout calculs politiciens », déclare-t-il. Le premier secrétaire considère que la déclaration du général français devrait « engager des réactions des instances politique et juridique du pays ainsi que celles qui ont eu à gérer cette affaire au moment des faits. Arrêtons ce langage de sourds par personnes interposées ». Et d'ajouter : « Je ne suis pas d'accord avec cette persécution constante à empêcher tout débat sur ce qui s'est passé depuis 1992. Une vraie réconciliation nationale n'est possible que si elle est assise sur deux pieds, la vérité et la justice. » K. Tabbou relèvera que plusieurs affaires expriment « un pacte de complicité entre Paris et Alger ». Il note à cet effet : « Il y a un pacte de silence sur l'affaire Mecili, l'affaire Khalifa, l'affaire des moines, l'affaire de l'Airbus et du RER à Paris. Il y a tant d'affaires pour lesquelles on fait tant de bruit pour empêcher la vérité d'éclater. »En touchant au sujet de l'oubli, le même responsable dénonce que « les familles de disparus soient obligées de signer un document attestant que leur proche est mort pour pouvoir toucher les 190 millions d'indemnisation. C'est du chantage alimentaire pour pouvoir effacer le dossier des disparus et présenter un rapport sans faille à la Commission des droits de l'homme à Genève ». « Pas d'alliance sur la base de calculs de clans » Autre sujet abordé lors de son point de presse, le projet d'alliance du FFS avec les forces vives de la société. Le premier secrétaire dira à cet effet que « pour le FFS, l'ouverture, les alliances, l'unité d'action ne peuvent être bâties sur le mensonge, le calcul personnel et la tentation de leadership ». Notant avoir enregistré une série de « vœux exprimés » pour une alliance, notamment ceux des ex-Premiers ministres Benbitour et Ghozali, M. Tabbou souligne : « Nous sommes un parti qui observe, écoute et prend position. Nous avons fait une évaluation des positions exprimées avant et après les élections et fixé les conditions d'une action commune. Il s'agit d'abord d'éthique politique, nous n'accepterons pas d'union sur la base de calculs politiques d'un clan ou d'un groupe. De plus, nous concevons l'opposition comme le rejet de tout un système et pas seulement le rejet de Bouteflika. » Le premier secrétaire du FFS réitère le rejet de l'alliance des sigles : « Le pôle démocratique c'est sur le terrain qu'il se construit et non pas sur l'association de sigles comme RCD, ANR et MDS. » M. Tabbou accuse par ailleurs Amara Benyounes, sans le nommer, de « parasiter la scène politique » et le prie d'aller « s'occuper de ses affaires plutôt que se targuer d'être un acteur politique alors que malgré son soutien à Bouteflika il n'arrive même pas à faire agréer son parti ou à avoir un siège aux législatives ».