Les dissidents qui mettent encore une fois l'appareil judiciaire dans la gêne, misent tout sur ce procès. Après le FLN, c'est au tour d'El Islah de saisir la justice pour arbitrer dans la crise interne qui ronge ce parti depuis quelque temps. Un conflit qui oppose le président du parti, M. Saâd Abdallah Djaballah, au mouvement de redressement guidé par Ahmed Boulahia, président du conseil consultatif. Aujourd'hui, le tribunal de Sidi M'hamed sera le théâtre d'un face-à-face très attendu entre les parties antagonistes qui n'arrêtent pas d'échanger des accusations depuis deux mois. Le recours à la justice a été décidé, rappelons-le, par 12 cadres du parti, tous des députés. Ces derniers avaient déposé deux plaintes le 18 novembre au niveau de la chambre administrative près le tribunal de Sidi M'hamed. Ladite chambre a prononcé son incompétence en ce qui concerne la requête ayant trait à l'interdiction de la tenue du conseil consultatif extraordinaire, à laquelle avait appelé le chef du parti. Mais la deuxième plainte, qui sera traitée cet après-midi, va plus loin et s'articule autour de trois doléances aussi importantes que décisives. L'on cite particulièrement, l'interdiction de la tenue du 1er congrès attendu pour le 29 décembre, le gel des activités du chef du parti et de son bureau national et le gel des avoirs d'El Islah. Pour ce faire les contestataires ont fait appel aux mêmes avocats ayant plaidé pour le mouvement de redressement. Un choix qui est loin d'être fortuit de l'avis-même de ces derniers qui estiment que «ces avocats sont les mieux placés pour défendre notre cause parce qu'ils ont acquis une expérience durant le procès du FLN». Les dissidents, qui mettent encore une fois l'appareil judiciaire dans la gêne, misent tout sur ce procès. En fait le devenir de ce mouvement est suspendu au verdict du tribunal, sachant que ces derniers ont déjà perdu leur poste au sein des instances du parti après les sanctions prises à leur encontre par le conseil de discipline, réuni le 14 décembre, même si ces derniers persistent à rejeter cette décision, prétextant la non-légitimité de l'actuelle direction du mouvement. Mais les choses semblent s'accélérer pour les deux parties, à une semaine de la date du congrès. Djaballah ne semble pas perdre de temps et a commencé par le remplacement des cadres radiés. Ainsi nous apprenons que Abdelghafour Saâdi, le vice-président, est désigné au poste de président du groupe parlementaire après l'éviction de Miloud Kadri. Revenant au procès, M.Boulahia est convaincu que la justice tranchera en faveur des dissidents. «Nous avons présenté des arguments et des preuves irréfutables.» L'enjeu primordial est le report de la date du congrès. Mais il faut savoir que le temps est trop court pour ces derniers et la justice pourra prendre des mois avant de rendre son verdict. Pour Boulahia, que nous avons joint hier par téléphone, «les dissidents feront tout pour interdire la tenue du congrès». «Nous serons présents le 29 décembre et nous empêcherons cette mascarade». Ce dernier est convaincu que Djaballah n'aura pas son autorisation. Du côté de Djaballah, l'on reste ferme, «nous n'aurons aucun problème à avoir une autorisation pour tenir le congrès», insiste M.Lakhdar Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique. D'ailleurs, la demande a été introduite, «il s'agit d'une simple question de temps», défend-il. Concernant le procès, l'audience d'aujourd'hui permettra selon Benkhellaf, au groupe d'avocats chapeautés par le président du bâtonnat, M.Sillini, de consulter le dossier. «C'est une simple procédure administrative». La crise est loin de connaître son épilogue. Une affaire à suivre.