Faut-il sauver le soldat Chibane ? Question à 10 DA pour le Constantinois lambda qui ne connaît même pas le nom du maire de Constantine. Mais, l'interrogation est beaucoup plus précieuse pour les branches de la mini « crise de palais » qui secoue actuellement l'hôtel de ville. Sur fond de lutte fratricide acharnée pour décrocher un ticket au sénat, l'opposition, jusque-là larvée, contre le président de l'APC et sa politique jugée par trop molle, est montée en surface, avec comme fer de lance, ses « camarades » du FLN. La réunion tenue mercredi passée en présence des élus FLN, RND et HMS, a porté le nombre des détracteurs de Abdelhamid Chibane à 21. Si l'on considère le nombre de sièges de l'APC de Constantine (33), cela constitue une majorité moins un, sachant que les deux tiers requis est fixé à 22. Mais, selon un élu FLN, l'on s'attend encore à ce qu'il y ait de nouvelles signatures pour la destitution du maire. Il faut, cependant, retrancher du total des membres les 5 élus du FNA qui ont refusé de voter la motion de retrait de confiance non pas par opposition aux arguments avancés mais plutôt par principe pensant que cette motion aurait due être avancée il y a longtemps et que les motivations aujourd'hui seraient liées à des calculs étroits en relation avec les sénatoriales. Donc, aux 12 élus issus du FLN se sont joints les élus du RND et du HMS, ainsi qu'un transfuge du PT. Au siège de l'hôtel de ville, on fait pression sur le maire de manière à le pousser à la démission, mais force est de constater que Chibane fait de la résistance. Quelle serait son arme face à la majorité de l'assemblée et le lâchage de son parti, le FLN ? Pour lui, d'abord, ses détracteurs ne veulent ni plus ni moins que son « fauteuil », et d'ailleurs, hier, il nous a affirmé ceci : « Le complot contre ma personne a débuté dès les premiers jours du mandat par les mêmes membres qui sont quatre ou cinq. » S'agit-il d'un fauteuil aussi confortable que cela ? Et d'ailleurs pourquoi s'accroche-t-il tant que ça à ce poste au milieu d'une telle tempête ? À cette question, le maire répond : « J'ai été choisi par la direction nationale (du FLN, ndlr), comme étant le mieux placé pour présider l'assemblée et je ne peux qu'être discipliné devant ce choix. » Qui peut être naïf au point de croire qu'il n'existe pas d'autres motivations ? Bref, Chibane contre-attaque et gagne des points face à ses adversaires, puisque trois parmi les élus FLN se sont rétractés en sa faveur, alors que, selon lui, ceux du RND sont sur le point de le faire et ceux du HMS aussi puisqu'ils se sont réunis hier soir pour réviser leur position. Un retournement de situation qui risque d'isoler le noyau dur de la contestation et recomposer l'échiquier au sein de l'assemblée. Pendant tout ce temps, la ville étouffe sous le poids de ces innombrables problèmes demeurés en suspens et préfère la lecture des bulletins météo à celle des romans d'été.