Le régime iranien panique. Signe de cette posture tourmentée dont il se serait passé, le limogeage hier du ministre des Renseignements, Gholamhossein Mohseni Ejeie, par le président réélu Mahmoud Ahmadinejad, coupable de l'avoir critiqué. D'autres sources annoncent également le renvoi de quatre ministres, à savoir Mohseni Ejeie, ministre de la Culture, Mohammad Hossein Safar Harandi, ainsi que ceux du Travail et de la Santé. Or, le bureau du président dirigé depuis hier par le revenant d'Esfandiar Rahim Mashaie a juste confirmé le limogeage du ministre du Renseignement. A Téhéran, beaucoup pensent que ces cascades de renvois constituent des sanctions d'Ahmadinejad contre ces ministres qui ont osé critiquer la nomination de Mashaie – son gendre – comme vice-président alors qu'il avait qualifié le peuple israélien « d'ami » dans une déclaration faite il y a une année allant ainsi à contre-courant du discours iranien. Contraint d'exécuter la sentence du guide Ali Khamenei lui intimant d'annuler la nomination de son fidèle ami, Ahmadinejad s'en est tout de même sorti hier par une pirouette en le nommant comme conseiller dans son cabinet. Mieux encore, il a puni les ministres à l'origine de la fronde contre Mashaie en les priant de quitter leurs postes respectifs à quelques jours de la fin de leur mandat. Cette façon de faire de Ahmadinejad a tôt fait de relancer la tension en Iran en proie à une crise politique depuis la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad. Le député conservateur Ali Motahari a d'ailleurs invité le président à se « calmer ». Mashaie revient par la fenêtre… « On dirait qu'il veut mettre volontairement de la tension, a-t-il regretté. Si c'est à cause de cela (les critiques à l'encontre de Rahim Mashaie) que les ministres ont été limogés, cela devient une affaire personnelle qui n'a rien à voir avec l'intérêt du pays » a-t-il affirmé. Et parallèlement à ces intrigues de famille, étalées publiquement, l'opposition à Ahmadinejad ne lâche pas prise. Les partisans de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont demandé hier une autorisation pour organiser jeudi une cérémonie du 40e jour en hommage aux victimes des manifestations. « Il n'y aura pas de discours lors de cette cérémonie et les participants écouteront seulement des versets du Coran en silence », ont-ils souligné dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur. Mais il n'est pas sûr qu'Ahmadinejad, qui devra prêter serment le 5 août prochain devant le Parlement, donne son feu vert. De fait, le président iranien se retrouve dans une position inconfortable. S'il autorise la cérémonie, la mobilisation citoyenne autour de ses contradicteurs risque d'enfler. A contrario s'il l'interdit, il risque également de radicaliser ses opposants. Cela étant dit, le régime iranien est aussi rattrapé à sa répression brutale des manifestations post-électorales. Des journaux proches des réformateurs faisaient état hier de la mort de plusieurs détenus dans les prisons. C'est dire que malgré la reprise en main – de fer – des choses par le régime et ses bras armés, quelque chose est en train de changer dans ce pays. Le passage au Parlement d'Ahmadinejad pour la prestation du serment risque d'être orageux si la situation reste en l'état.