Les heurts meurtriers entre forces de l'ordre et membres d'une secte islamiste radicale se réclamant des talibans, dans un Etat du nord-est du Nigeria, dimanche, se sont propagés dans la région tandis qu'un nouveau bilan de la police faisait état de 65 morts hier. « Cinq policiers ont été tués, une station de police a été incendiée et 60 talibans ont été tués » dans les Etats de Bauchi et de Yobe (nord-est), a annoncé l'inspecteur général de la police Ogbonna Onovo lors d'une conférence de presse à Abuja. Au Nigeria, la secte des talibans, qui est apparue dans le nord du pays en janvier 2004, se réclame des talibans d'Afghanistan. Ils ont établi leur base dans le village de Kanamma (Etat de Yobe), à la frontière avec le Niger. Des heurts ont éclaté dimanche matin entre les forces de l'ordre et des membres de la secte qui s'apprêtaient à mener une attaque contre un poste de police aux environs de Bauchi, capitale de l'Etat éponyme, selon la police. Leur objectif était d'y voler des armes et des munitions, selon un porte-parole de la police, qui avait indiqué dimanche en fin de journée que les affrontements avaient fait 39 morts, dont un soldat. Corps à corps sanglant Le gouverneur de l'Etat de Bauchi a décrété un couvre-feu dans la capitale de 21h à 6h. Depuis, des cas de violences dans d'autres Etats du nord-est du Nigeria ont été rapportés. L'inspecteur général de la police fédérale, qui a fait état de 65 morts à Bauchi et Yobe, n'était pas en mesure d'indiquer combien de personnes étaient mortes dans chacun de ces deux Etats. Il a précisé que le poste de police incendié se trouvait à Yobe. Selon M. Onovo, les talibans se heurtent désormais à la police à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, également dans le nord-est. Un résident de Gamboru-Ngala, dans l'Etat de Borno, a indiqué hier que les talibans, dont le nombre n'est pas connu, avaient pris d'assaut cette ville frontalière avec le Cameroun dimanche soir. Ils ont « brûlé vif un officier des douanes et égorgé un ingénieur local », a déclaré Shafiu Mohamed, joint par téléphone. Lourdement armés, les talibans ont aussi mis le feu à un poste de police, à des bâtiments des douanes ainsi qu'à une église, selon ce témoin. Composée essentiellement d'étudiants ayant abandonné leurs études, la secte taliban comptait, lors de sa création ,environ 200 jeunes musulmans extrémistes, dont des femmes. A l'instar de l'ancien régime taliban en Afghanistan, le mouvement veut instaurer un Etat « islamique pur » dans le nord du pays. Depuis 2004, des heurts entre membres de la secte et forces de l'ordre éclatent de manière sporadique dans différents Etats du nord du Nigeria, mais le bilan des violences depuis dimanche est le plus lourd que la secte ait enregistré à ce jour. Le nord du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec au moins 140 millions d'habitants, est à dominante musulmane tandis que le sud est majoritairement chrétien. Douze Etats septentrionaux ont instauré la charia depuis environ 10 ans. Le pays est régulièrement secoué par des violences à dimension religieuse. En février, des affrontements meurtriers entre musulmans et chrétiens pentecôtistes à Bauchi avaient déjà fait 14 morts. En novembre 2008, plus de 700 personnes ont péri dans des émeutes politico-religieuses à Jos (centre), selon l'organisation Human Rights Watch, alors que le bilan officiel est de 200 morts.